Le Mystère de Jean l'Oiseleur

Raymond Radiguet (1903-1923), l'amour fou de Jean Cocteau, vient de mourir en décembre 1923. Très affecté, le poète est au bord du suicide, et se réfugie dès janvier 1924 dans une consommation irrépressible d'opium. Il s'isole par la suite à Villefranche-sur-Mer et trouve dans la poésie de quoi se raccrocher au monde et à la vie. Le soleil de la côté d'azur, si cher à son corps, n'est que peu de consolation... On sait que, pour Cocteau, tout art est poétique, aussi bien le cinéma que le dessin, comme une offrande complète de son être à l'Art. Le geste répétitif qui dessine son autoportrait, avec force contemplation spéculaire, comme autant de caresses qu'un être aimé aurait pu faire, ainsi que l'humilité du poète qui se met sous la protection symbolique de ses maîtres que furent Guillaume Appolinaire et Pablo Picasso, mais aussi André Masson et Paollo Ucello, produit un livre d'une douceur et d'une grâce incroyable. Mais la teneur sombre est également omniprésente, la conclusion du poète étant une litanie de ses chers disparus et un appel à les rejoindre.... 

Il faut entendre "Mystère" au sens d'enseignement mystique caché aux non-initiés. Ici, Cocteau exsude son malheur par la douceur de ses traits et la transfiguration de l'image de son amant éternel en œuvre d'art. Poésie de textes et d'images mêlées, Le Mystère de Jean l'Oiseleur est une lutte, sous influence de l'opium, de l'art contre la mort et le désespoir... 

Publié de manière confidentielle en 1925 (130 exemplaires seulement), cette édition luxueuse comble pour ainsi dire une lacune et redonne vie à ce manuscrit extraordinaire, comme un quasi-inédit... 


Le premier album contient la reproduction magnifique du manuscrit original en couleur. Il faut admirer les variations dans les traits du visage, qui le transfigurent en constellation ou en Cocteau lui-même, comme si le mystère de l'amour était la coïncidence absolue des amants. 

Le second album contient : 
  • Une préface par Dominique Marny, vice-présidente du Comité Cocteau, qui situe le texte dans la vie et l'œuvre de Jean Cocteau ; 
  • "Autoscopies" par David Gullentops, qui est une exégèse du texte, des aphorismes et des dessins
  • Le manuscrit avec en note le texte transcrit et traduit. Cette partie nous semble la moins convaincante tant l'écriture de Jean Cocteau est belle et lisible, ronde et délicate.  


Loïc Di Stefano

Jean Cocteau, Le Mystère de Jean l'Oiseleur, édition des Saints-Pères, 2 volumes sous coffret, 149 eur

Tirage limité. Cette édition prévoit deux tirages : le premier, dans un coffret bleu et argenté, est numéroté de 1 à 1000. Un second tirage de 1000 exemplaires non numérotés sera disponible ultérieurement.

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.