Ravel : les dernières années de Ravel mises en symboles

La scène, ouverte dès l’arrivée du public, laisse apparaître piano, table, chaise, fauteuil, statue de la liberté. L’ensemble de ce mobilier à différentes échelles et à vocation symbolique fait penser à un dispositif installé par un maquettiste baigné d’un gris uniforme, qui prend au cours de la représentation un ton proche du bleu Klein. En outre, la valise, un train, un bateau figurent nettement un voyage. Trois personnages et un pianiste qui accompagne la narration investissent le plateau ; ils s’approprient les dialogues à la troisième personne, se rapportant au récit de Jean Echenoz, qui retrace les dix dernières années de la vie de Ravel. Selon les circonstances, les comédiens se déplacent dans leur petit monde d’objets, jouant alternativement le rôle de narrateur et d’acteur. Tout ce montage requiert une distance que le spectateur met un temps à élaborer avant d’entrer dans le propos.

 

La musique est traitée comme un personnage, à travers l’omniprésence du pianiste et de son instrument, quand bien même ils restent silencieux. La traversée vers les Etats-Unis est l’occasion d’un beau jeu de scène figurant un mouvement du piano. Là-bas, Ravel, au faîte de sa gloire, dandy, fumeur, insomniaque, est présenté dans ses fragilités, sa solitude et ses mouvements compulsifs et convulsifs. Le spectacle parvient à restituer la dynamique de Ravel et de ses compositions grâce à des variations d’éclairage et d’ambiance scénique. Au fil de la représentation, la lumière donne en effet sens à différents éléments de décors en les rendant saillants. Le jeu de Michel Ouimet est tout en retenue, efficace et probant. Une réalisation théâtrale finalement réussie; ses derniers moments, saisissants, montrent Ravel de retour, déclinant, malade, gagné par un trépas qui semble s’inscrire progressivement dans son apparence. Au-delà, l’intention ultime est de montrer que sa musique transcende la mort.

 

Christophe Giolito et Taïssia Tcherneitchouk

 

Ravel de Jean Echenoz

mise en scène Anne-Marie Lazarini

 

avec Coco Felgeirolles, Michel Ouimet, Marc Schapira

et en alternance Andy Emler et Yvan Robilliard

 

Assistant à la mise en scène Bruno Andrieux

Musique originale Andy Emler

Décor et lumières François Cabanat

Costumes Dominique Bourde

avec la collaboration de Henri Lazarini

Création Les Athévains

Coproduction La Compagnie aime l'air et Théâtre 95

 

Au théâtre Artistic Athévains

45bis, Rue Richard Lenoir, 75011 Paris 01 43 56 38 32


Du 26 mars au 5 mai 2013

Mardi 20h, mercredi jeudi 19h, samedi 20h30, samedi et dimanche 16h.

Durée environ 1h40.

 

Le texte de la pièce est paru aux éditions de Minuit en 2006 :


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