Le cahier Echenoz ou la distance des distances

Mixant comme toujours textes inédits de l'auteur, visions de ses pairs et analystes d'universitaires spécialiste de l'œuvre, ce "cahier Jean Echenoz" donne à  lire une extraordinaire ouverture. À coté des synthèses pertinentes, entre autres de Dominique Rabaté ou de Dominique Viart,  des créateurs comme Florence Delay ou Gerad Titus Carmel montrent comment se délecter de la légèreté de prose comme il y a une dureté de l'être de romans tels  que 14 et Courir dont les histoires ne sont jamais ce qu'elles prétendent être en différentes bijections.
Cette re-collection de pièces détachées est propre à mettre à jour un imaginaire singulier qui regorge d'une multitude de données disparates, surprenantes rarement usitées dans la fiction "classique". Et ce n'est pas un hasard si Echenoz est publié dans la maison d'édition de Robbe-Grillet, Beckett et les autres (Minuit).
L'auteur joue toujours de cette étrange légèreté qui tient à une variété particulière de mélancolie plus que de nostalgie. Le mal d'âme y prend un sens particulier dans cet univers romanesque qui multiplie les déplacements.
Le roman ici possède la particularité géniale de ne pas faire forcément roman. Echenoz renonce à une histoire a priori prévisible pour la déplacer par une autre. Et ce dans ce qui devient une poche d'air entre le partout et le nulle part auxquels Echenoz donne une assise.

Collectif, Echenoz, coll. cahier de l'Herne, Éditions de l'Herne, septembre 2022, 240 p.-, 33€

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