Journées du patrimoine : zou maï !

Lors des Journées du patrimoine, il est des manifestations qui sonnent clair et juste, au plus juste même. D’autres distraient seulement, d’autres encore n’émettent, hélas, celles-là, que sons de cloches fêlées ; telle, entre autres et par exemple frappant cette année, l’exposition d’un artiste contemporain belge de renommée, comme il se doit, bien sûr, internationale : Vérame qui, en pays de Forcalquier, n’aura pourtant, n’empêche, absolument rien de patrimonial tant qu’il n’y aura pas barbouillé de couleurs le fameux site des Rochers des Mourres ou peinturluré la tour du clocher de la cathédrale…
Mais passons vite sur ce genre de programmation sans queue ni tête et intéressons-nous plutôt, ça vaudra mieux, à la causerie d'hier 18 septembre que l’on doit à l’initiative de Marie-Hélène Soumaille et à son comité d’animation bénévole de Revest-du-bion, toujours dans les Alpes-de-Haute-Provence.
Du sur mesure, là, pour les Journées du patrimoine : répondant à l’appel, arrière-petite-nièce du peintre Eugène Martel, et diaporama à l’appui, Élisabeth Juan-Mazel, est venue dire Eugène Martel, son ancêtre, alimentant par là une flamme restée vive dans le cœur des gens du village et du Plateau d'Albion : celle de sa mémoire comme de son talent patient et passionné exercé en une méditation nourrie en permanence in situ, pinceaux en mains.
Après être passé par l’atelier de Pierre Grivolas en Avignon (lequel, au bout d’une année seulement au vu de ses capacités, le dirigea vers celui de Gustave Moreau où il restera six années) Martel regagne dare-dare son cher Revest pour désormais renouer avec l'authenticité de ses premières œuvres de jeunesse et ainsi, une toile après l'autre, y dresser le mémorial, en quelque sorte, d’une civilisation paysanne haute provençale non seulement déjà en perte de vitesse, mais carrément de vitalité ; civilisation à laquelle, par l’arborescence de ses origines et sa sensibilité, il était et restait obstinément très attaché, l'immortalisant de plus en plus soigneusement par sa peinture, en perfectionniste.
Pour davantage le faire connaître, en dehors de ses œuvres peintes, Élisabeth Juan-Mazel et Michèle Ducheny, l’auteur de Giono et les peintres, viennent de publier un riche hors-série de la revue Giono où sont reproduites et commentées avec soin la soixantaine de lettres que, de 1930 à 1946, le peintre adressa à l’écrivain ; lettres en lesquelles le lecteur peut ainsi, comme l’écrit Élisabeth, découvrir la personnalité complexe de Martel, peintre injustement trop peu connu et dont la plume, ce qui ne gâte rien, est aussi riche, rigoureuse et précise que le pinceau...

André Lombard

Michèle Ducheny et Élisabeth Juan-Mazel, Jean Giono et Eugène Martel, 21 illustrations noir/blanc et couleurs, Association des Amis de Jean Giono, juillet 2022, 230 p.-, 20€
amisjeangiono@orange.fr ou 04 90 87 73 03
 

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