"La Nuit des morts vivants", hommage d'Istin à Romero

Double gageure que celle de Jean-Luc Istin en adaptant le film de George A. Romero La Nuit des morts vivants : se confronter au classique du genre devenu culte et qui a posé les bases mêmes du genre zombie, et moderniser ce film de 1968 en pleine effervescence Walking dead. Le lien entre la série événement et l'œuvre de Romero est d'ailleurs un clin d'oeil, ce journal journal qui dans le film annonce les premiers monstres avec sa Une : "Deads are walking !", bien évidemment repris par Istin. Mais l'intérêt de ce très bel album est sans doute plus dans les démarcations de Romero que de ses déférence. 

 

En effet, alors que le film nous immerge directement dans l'aventure d'un groupe de survivants dans un monde post-apocalyptique et que le spectateur voit les morts-vivants se ruer sur eux pour les dévorer, Istin propose un autre chemin en nous faisant faire des allers-retours entre l'avant et l'après. Le virus, les tests sur les singes, tout y est, mais c'est par là que l'histoire commence... Un couple se sépare pour un rituel annuel : lui reste avec les enfants pendant qu'elle part avec son frère sur la tombe de leurs parents. Elle, Lizbeth, c'est la fille du scientifique à l'origine du virus, et l'apparition des premiers monstres va faire ressurgir des images horribles du passé. Et nous suivons les deux groupes, dans ce premier tome Les Fautes du père : le père et ses filles se joignent à une communauté de survivants "protégée" par l'armée alors que la mère et son frère errent jusqu'à un hôtel où se réfugier tant bien que mal. Qui survivra ?

 

Beaucoup moins gore que d'autres BD de l'univers zombie, notamment Zombies, La Nuit des morts vivants, 1 - Les Fautes du père, s’oriente moins (a priori) sur la survie que sur la recherche des origines du virus en posant la question morale de la manipulation génétique. D'autres séries s'en fichent bien et font du tir-au-zombies dans un joyeux hack and slash sanglant et jouissif. Ici, Istin conserve le jouissif mais oriente son dessinateur à plus de réflexions que de massacres. Comme si le zombie-like était devenu plus adulte en revenant rendre hommage au père fondateur du genre. 

 

Loïc Di Stefano

 

Jean-Luc Istin (scénario) et Elia Bonetti (dessin), La Nuit des morts vivants, 1 - Les Fautes du père, Vent d'Ouest, septembre 2014, 54 pages, 14,50 eur

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