La biographie de Pierre Herbart par Jean-Luc Moreau : L'honneur d'un biographe

Plaisir du texte. D'avoir bien trop servi, la formule est usée. De longtemps, nonobstant, je ne l'avais éprouvé, tel. J'ignorai jusqu'au nom de Pierre Herbart. Conjuration des imbéciles ? Inattention ? Pas très gidienne, ni proche, en dépit de ma vive admiration, de Cocteau, encore moins de Roger Martin du Gard. Trop souvent résidé loin des relais herbartiens, je confesse ma faute. Pas davantage sursis aux éloges de Bernard Frank : « Herbart, le genre de type dont on voudrait avoir mérité les hommages et l'attention » ce qui n'était pas rien, venu de l'auteur de La Géographie universelle. Le portillon de la postérité toujours fut porte étroite et je me réjouis fort de savoir cette œuvre, ce nom, ce parcours, arrachés à l'oubli et portés à bras d'homme par cet Hercule des Lettres, qu'est Jean-Luc Moreau.


La bonne âme non pas du Se-Tchouan mais de la Seine.

Déjà, son Sartre,voyageur sans billet (1), son Camus, l'intouchable (2), son plaidoyer en faveur de la « Nouvelle fiction (3) » ; la collection qu'il mit sur pied – d'abord aux éditions de l'Aube, puis à présent chez Fayard – témoignaient pour lui. Le cahier des charges était clair : l'auteur devait, doit, sur le modèle promu par Hermann Hesse dans le Jeu des Perles de verre, composer son autobiographie fictive :


« Par le biais du roman, en projetant directement sa personnalité réelle dans son protagoniste fictif, il lui prête sa propre ambition de trouver un antidote au moi préfabriqué et au destin tracé (4). »


On doit à Moreau éditeur au moins deux fleurons du genre, qui se peuvent sans rougir comparer aux travaux de Hermann Hesse ou de Virginia Woolf : Architecte des glaces de Marc Petit, paru en 1991 et L'Esprit de l'escalier, unique roman, de Raoul Ruiz, mort avant la parution (5). Pas un hasard si le même Ruiz s'inspira de l'Alcyon d'Herbart pour sa Ville des pirates... Tout l'art de Ruiz le conduisait à ce livre, en ceci que l'autofiction – ce que le jargon universitaire nomme « écriture de l'ipséité » – exige le recours au mythe comme au fantastique, deux éléments, que le travail de Ruiz et l'architecture de son œuvre en quête perpétuelle de formes et de vies nouvelles entre labyrinthe et tour de Babel, annonçaient.


Autres travaux de notre Hercule des lettres françaises. Cette manière, unique, sienne, de soumettre à la plus étrange des maïeutiques les écrivains, qu'il reçoit sur les ondes de « Radio libertaire » dans l'émission « Bibliomanie » ; la maîtrise, qui fut encore la sienne pour faire naître le « dossier H. » consacré à Dominique de Roux ; sa vaillance à la tête de « La Sœur de l'Ange » contre vents et marées. Là, dans l'une des dernières revues littéraires paraissant encore sur papier, il aura su donner la parole à la poésie, à la prose, à la philosophie, à l'université comme à la dissidence, sans que jamais l'ensemble ne parut aller de guingois... Il aura seulement poursuivi le projet herbartien de dessiner le portulan d'un monde ni capitaliste ni communiste : un monde où aurait soufflé l'esprit de la Résistance avant que les Institutionnels, en uniforme ou en col blancs, ne confisquassent aux francs tireurs véritables le gain légitime du sacrifice consenti à l'idée de justice.


Nouvelliste encore, sur les traces d'Étienne Pivert de Senancour ou de Robert Walser, Moreau va d'un pas lent à la conquête utopique du sens. En 2000, la SGDL récompensera son inquiétant et fort recueil : Puisqu'il y a des rêves meilleurs (6).


Moreau a trouvé en Herbart un sujet exceptionnel mais comme le notait Pierre Mac-Orlan dans Le Bal du Pont du Nord : « Quand on a le goût des êtres exceptionnels, on finit toujours par en rencontrer partout. » Voilà pourquoi Moreau est un sourcier et sa biographie, le prélude d'une résurgence. Notre siècle a besoin d'écrivains tels qu'Herbart : d'hommes qui n'écrivent pas pour publier – publier une opinion, se faire un nom, « en être », briller dans les salons – mais écrivent, à seule fin de composer une sorte d'apophatique littéraire : élus pour dire ce que le monde n'est pas et reconstruire en négatif son anti-modèle.


Le biographe


Son Pierre Herbart, l'orgueil du dépouillement est certainement, sinon son meilleur livre, sotte formule, du moins l'ouvrage où ses talents divers s'unissent pour composer une pastorale.


Ici, chaque personnage, du plus célèbre, André Gide, aux plus secrets, Henri Thomas, Jacques Brenner ou Claude Mahias, apparaissent contraires en tous points à l'image que la Vulgate a retenu d'eux. On découvre un Gide généreux. Généreux de son temps, de sa personne et de son argent. Un Gide, maître d'un phalanstère, sis, 1 bis rue Vanneau. « Le Vanneau » du livre de Moreau. Un Gide dont Herbart fut l'intercesseur et le guide. Pas de dernier Gide sans le jeune Herbart, séparés tout de même par trente-quatre ans.


Dans sa Lettre au père, Kafka livrait, malgré lui, le secret du biographe, s'estimant non sans douleur « l'exacte résultante de son éducation ». Roland Barthes par Roland Barthes « l'enfance est le point d'eau, on y revient toujours... » Air connu, direz-vous ? Pas tant que cela. Il ne suffit pas de poser le décor, de laisser traîner un pinceau aussi langoureux qu'attendu sur les contours des paysages ou de tremper sa plume dans l'eau fade de la sociologie mais de saisir l'instant où le roman familial a plié l'âme, contraint la personnalité à devenir ce qu'elle sera, loin de toute faribole, prétendant que l'homme puisse jamais échapper à soi !


Caractère, biologie... Il n'est pour personne de libre choix d'être soi. Dans ce carcan initial, ce corset, chacun danse sa pantomime. Celle d'Herbart, sans faux pas, fut admirable.


Résumé, et ceci s'adresse à tous les lecteurs du Salon littéraire, qui m'auront, sur ce site, estimée injuste et de parti-pris contre la si studieuse biographe d'Alain-Fournier parue ce mois-ci, il n'existe pas d'homme-oxymore pour son biographe. L'expression « c'est compliqué », réservée aux statuts facebook. Toute vie, close par la mort, possède un sens, qui bien entendu, aura échappé au sujet vivant comme à ses proches, d'où l'importance de ne chercher dans les correspondances et de ne demander aux témoins que des faits et non de la psychologie : ce qu'avec un rare génie, Moreau accomplit, exhumant tel ou tel détail, passé jusque-là inaperçu et qu'il saura ajuster, imbriquer en un savant jeu de rubik's cube à l'ensemble ; détail devenu le morceau manquant du puzzle, qui fut hier le trou noir et l'essence du projet perecien.


Le biographe est ce romancier qui toujours compose un ouvrage dont le plan, les chapitres à l'avance ont été consignés, un roman dont il sait et les péripéties et la fin. Son seul travail consiste à nous faire lire, à la manière du Gide des Faux monnayeurs, le cahier de notes, le journal intime du biographe au travail. Bon ouvrier, casque sur la tête, il nous invite à le suivre dans son chantier, lampe allumée, en ce geste parallèle à l'écriture romanesque selon Stendhal : «  Un roman, c'est un miroir qu'on promène le long d'un chemin".  En cet art, Moreau demeure champion.


Loin de toutes ces biographies mondaines, name dropées, où à l'envi, jusqu'à l'écoeurement, s'étalent des litanies de noms dont le lecteurs ignore tout ; de ces biographies pseudo érudites, ingénieuses à noyer le lecteur dans le détail des jours vides, assurant au fil des pages que « l'écrivain sortit à cinq heures », se rendit au musée... aux putes ou aux bains ; loin des Bananas Split à l'américaine où rien ne vous est épargné (7), loin aussi de ces bio factices où des romanciers de peu composent des sonates à quatre mains sur un air à la mode du temps jadis, comme des plaidoyers contre l'injustice de leur propre sort, voilà l'écriture d'une vie d'écrivain par un confrère, qui sait ne pouvoir déterminer de vérité que par la négativité. « Ce qu'Herbart ne fut pas. Ce qu'Herbart ne nous dit pas. Ce qu'Herbart a ignoré. » Après la théologie négative, l'écriture négative. Nous nous approchons ici du « chef-d'oeuvre absolu », du grand modèle, que demeure La Vraie vie de Sebastian Knigh (8) ou l'impossible biographie.


Exacte résultante de son éducation


Moreau a isolé l'instant fondateur, celui où un gamin, né en 1903, écoute les bombes tomber sur Dunkerque, pour trouver après guerre sa vie décolorée. De là sans doute, l'habitude herbartienne de passer plus de temps au lit, que n'en passe la moyenne des hommes. Les bombes ne tombent pas n'importe où. Elles pilonnent les arsenaux que dirige son grand-père, celui qui, non sans raison, a déshérité son fils, le père de Pierre Herbart. Pas banal effectivement, d'avoir eu pour père, un déclassé volontaire, un personnage hölderlinien, si blessé par un chagrin d'amour, qu'il se fera clochard. Il y a du Marguerite Duras chez Herbart...


Moreau fait du « Contre-ordre » « la Ligne de force » le branle de son âme. Comment un enfant, hanté de sortilèges, chargé de dons, finira-t-il isolé et dans la plus sordide des misère, traces ensuite à demi effacées ? Mu par la volonté de revivre le roman paternel ? J'ai simplifié. En quelques mots, Herbart accomplit et termine – son seul enfant, Jean, ne vivra qu'un seul jour sur la terre – la lignée, une ligné de marins médaillés, d'administrateurs militaires dont les petits enfants attirés, non plus par la mer mais par ce qui va sur la mer, se feront assureurs, administrateurs, armateurs enfin. Herbart ne sera pas commerçant mais en lui le sang des voyageurs de la route des Indes et du soldat de la guerre de Crimée ne cessera de couler, reporter et Résistant. Herbart, héros négatif aussi en ceci que, n'importe quel minable à sa place se fût propulsé au sommet de l'échelle sociale, quand lui, bon Joseph, descendra patiemment un à un les barreaux de l'échelle de Jacob, terrassé par mille anges en lui, l'opium, la déesse H (9). et surtout le dégoût d'un monde effectivement dégoûtant. Gloire à celui qui court et gagne le risque de la misère, du délaissement en un semblable monde ! Gloire à qui ne pactise pas ! Gloire à celui qui vit s'ouvrir la carrière des honneurs et les a dédaignés ! Herbart n'est en rien, auteur Gallimard, familier de Gide, un maudit. Pas un winner non plus, le père Herbart ! Pas un winner. Trop beau, trop élégant, trop doué, trop sensible, trop intelligent pour cela. Barthes et Duras ensemble, débarrassés de leurs scories égotistes, la plaque sensible où tout ce qui du monde, blesse, écorche, déchire, se sera reflété. Du chancre colonial, aux abus de l'A.E.F., toutes les terres d'illusions, tous les rêves collectifs et les cauchemars attenants, Herbart les aura traversés. Il se tenait dans l'ombre, un crayon et un carnet à la main, pour dire ce qui n'aurait pas dû être et qui a été, le réel, le mensonge déconcertant du communisme, la salauderie d'Aragon, qui tenta même de le faire assassiner, « mourir à Madrid », la récupération par les colonnes de la France libre de cette fraternité d'indépendants, partis au secours des exilés, des réfugiés, des victimes d'Hitler, sans passion française.


Au-delà de la figure d'Herbart, ce grand livre nous reconduit aux années d'avant et d'après-guerre : en Indochine, au Maroc, en Afrique, à Moscou, horresco referens, à Madrid, en Résistance...Cette traversée des apparences, contée par un a-idéologue consommé, dont l'intérêt ne s'éveille qu'au bruit des chaînes et au vacarme de l'injustice, invalide la posture de martyre de Drieu la Rochelle et la vantardise du colonel Berger. Homme de sortilèges, peu vantard, discret comme on ne l'est plus, cet homosexuel, mari de la fille de la fameuse « petite Dame  d'André Gide », convive au phalanstère du Vanneau, dès juin 1940 « entre dans l'action, en aidant aux évasions d'Israélites, fuyant la persécution ». À partir de 1943, il opère au sein de la Résistance, sourd à « l'appel du patriotisme », sans souci aucun de rehausser le drapeau, « soucieux seulement des réfugiés et des pourchassés ». Il le fait avec flegme et élégance. Un homme à allure que ce beau vicking aux yeux clairs, portant le nœud pap. aux portes de la Gestapo, ennemi de « tout lyrisme de l'action : «  En somme, on est – j'étais – dans une gratuité enfin passible de la peine de mort. » Il finira inspecteur général du mouvement pour la région Nord, pas rien, après trois ans passés au service du réseau Combat, dirigé à Marseille, par Jacques Baumel. Ensuite, en Bretagne. Sous le nom de Le Vigan, il s'illustrera, acteur capital de la libération de Rennes. Être allé à Moscou l'empêche de considérer les communistes comme d'honnêtes « alliés objectifs », aussi, à mesure que sautent les ponts de France, que envahisseurs teutons plient bagages, regagnent leurs navires et remontent le Rhin, la puanteur des eaux-mortes de la politique remplace celle du sang, des balles et des cendres. Moreau conte avec un humour sans pareil la trouille de Le Vigan de confondre bons et mauvais préfets – Qui empoisonner avec les petits fours ? – son irrépressible envie de prendre la tangente, son dégoût devant le froid dédain du Général, pour qui « les morts sont des lâcheurs » et sa nausée devant le retour des Réguliers. Terrible instant que celui où des militaires serves refusent de sortir de prison d’authentiques résistants arrêtés par erreur, que celui où Herbart découvre l'esprit de la Résistance, mort à la mamelle de la Restauration. N'avoir pas su allumer un cigare fait à nouveau de lui ce qu'il n'aura cessé d'être, un paria. Comme il fut un fils de notable et aussi le fils d'un clochard, celui d'un gibier d'asile, le général Le Vigan cède la place. Son honnêteté fera de lui un suspect. L'ère du soupçon succède toujours à celle des héros. Peut-être ne s'est-il, lui, le drogué , engagé que pour avoir accès aux pharmacies? Il fera en sorte encore que paraissent trente-trois numéros de « Défense de la France » avant de se faire doubler par Lazareff à la direction de France-Soir! Les historiens vont oublier son nom. Herbart pourtant à  « Combat » et au sein du M.L.N. a lutté, pour qu'une France non communiste et pourtant nouvelle, naisse du combat de l'ombre. Ah ! cette ombre tombée sur le visage d'Herbart, qui suggérera à Camus de prendre appui sur les Possédés de Dostoïevski pour trouver la forme définitive de La Peste... Un an durant encore, patron de « Terre des hommes », aux rédacteurs réunis, il jetait, impeccable, chaque semaine un : « Messieurs, carte blanche » et s'en allait.


Pour prendre congé


Herbart ne fut évidemment pas pas un saint, aussi son souvenir a-t-il pâli du jugement des imbéciles et des hommes comme ils vont. Particulièrement Catherine Gide. Marrie, que sa mère eût élu un tel un époux, la fille de.. s'est plu à mettre sur la place publique sa dépendance à l'alcool, à la drogue et leurs funestes autant qu'ordinaires conséquences. L'addiction fait un menteur du plus sincère ; l'addiction coûte et Herbart n'avait pas le sens de la propriété. Ni de la sienne ni de celle d'autrui, fondement principal du droit révolutionnaire français. Moreau préfère revenir sur l'atroce sentiment de perte, de culpabilité, de mauvais œil, qui était le sien. Tant de morts jalonnèrent sa route, qu'Herbart a fini par croire ensorcelé. Vous lirez : Alain, Marius, Jean... Surtout Brigitte, la prostituée, qu'il a aimée et n'a pas su défendre, « enterrée vivante en lui. »


Avec pudeur, Moreau glisse sur les années de déchéance, le parcours obligé de qui n'a pas eu la sagesse de Barthes, quand il « sentit que c'en était fini de l'amour des garçons » et s'alla lover sous les roues d'une camionnette de blanchisserie. Passé un certain âge, un certain seuil, la beauté se convertit en ordure et le jugement du monde se durcit. La charité n'est pas rare vertu, vertu éditoriale. La plus rarement partagée des trois théologales, la seule aussi qui vaille. Les amis demeurent mais le dernier amant d'un vieillard est souvent un giton. Loi de nature. Il fallut extirper le cadavre d'Herbart de la fosse commune de Grasse, afin que ses lecteurs posthumes trouvent une tombe où déposer leurs inutiles hommages ! Chose faite. Il repose au village aimé, à Cabris dans les Alpes-Maritimes, très loin de Dunkerque.


Prince de la vie ?


« C'est tant mieux pour lui » ont pensé, voire dit certains, à l'annonce de sa mort. « Et c’est vrai que le rôle de vieillard pauvre et malade ne convenait pas à cet ancien prince de la vie », commente Jacques Brenner.


Et Moreau de lui offrir le salut de Fortimbras à Hamlet, qu'à mon tour, j'ai envie de murmurer : «  Bonne nuit, doux Prince » à Herbart qui, hier encore m'était inconnu, et qui, par la grâce de ce geste mémoriel, a rejoint le panthéon des âmes fortes auxquelles demander consolation dans le désert de l'existence.


À contre-temps, à contre-emploi, toujours. Le seul tombeau de l'écrivain, demeurent ses livres, rangés à la lettre H. , entre Émile Henriot et José Maria de Hérédia.


À toi, lecteur, à moi, la charge de laver le blasphème ancien et de le conserver, « vierge, vivace », éternel.


Sarah Vajda


Jean-Luc Moreau, Pierre Herbart, L’orgueil du dépouillement, Grasset, février 2014, 624 pages, 29 €


(1) Fayard, 2005.

(2) Écriture 2010.

(3) Chez Critérion, en 1992.

(4) Estrella della Torre, à propos de l'Employé de Jacques Brenner, 1958, éditions Labor.

(5) On lira la « dédicace à Raoul Ruiz » en liminaire du n°12 de la sœur de l'Ange.

(6) Paru chez Fayard en 1999.

(7) Je ne vise pas ici Blonde la plus magistrale des nombreuses biographies de Marilyn, composée par Carol Oates mais le tout venant, l'ordinaire.

(8) Unique roman de Nabokov composé en France et paru en 1941 aux USA.

(9)Nom donné à l'homosexualité par Roland Barthes dans son Roland Barthes par Roland Barthes.

Aucun commentaire pour ce contenu.