Inner city, replonger dans la matrice

                   

Une vieille connaissance

 

Publié dès 1978 dans l’anthologie Futurs au présent de Philippe Curval dans la mythique collection Présence du futur, Jean-Marc Ligny se fait remarquer avec Temps blancs, roman à la narration expérimentale marqué par la new wave et le punk. Dans les années 80 et 90, tout en continuant à publier chez Denoël des romans ambitieux (Yurlunguur, La mort peut danser) Ligny publia aussi aux éditions Fleuve noir (le fameux cycle des voleurs de rêves) et J’ai lu. Inner city, sorti en 1996, influencé par le courant Cyberpunk, est ici republié par les éditions ActuSF dans une version remaniée. De Jean-Marc Ligny, l’amateur a retenu qu’il était capable de tout, y compris du pire. Reste maintenant à savoir de quelle catégorie relève Inner City.

 

Future Shock ! (Curtis Mayfield, 1973)

 

Paris, quelque part au vingt et unième siècle, est devenue une ville fantôme, isolée de sa banlieue abandonnée aux pauvres et aux gangs ultraviolents. Dans Paris résident par contre de riches habitants, plongés en permanence dans des réalités virtuelles contrôlées par MAYA, jouant et rejouant à des jeux qui leur paraissent bien plus vivants que la vie elle-même nommée « basse réalité ». Mais parfois il y a des dysfonctionnements et on fait appel à des agents de la société Mens Sana pour récupérer les joueurs. Kris est l’une de ces agents et doit faire face à des missions de plus en plus difficiles : l’IA de Mens Sana, Max, lui confirme qu’un tueur en série rôde dans les mondes virtuels de MAYA. Ce même Max aide un certain Hang à filmer des images violentes afin de les infiltrer dans MAYA. Hang s’est également rendu compte qu’il y avait des dysfonctionnements dans MAYA.  Et de l’autre côté du périphérique, la révolte gronde…

 

Toujours actuel

 

A la relecture, Inner city souffre de son époque : les histoires autour des réalités virtuelles pullulaient alors, tout droit sorties de Neuromancien de William Gibson. Or la mode a changé, peut-être parce que notre civilisation n’a pas pris ce chemin, absorber des quantités d’informations se fait au moyen de tablettes, non par des implants et peu se projettent dans des réalités virtuelles… Pour autant, ce roman de Ligny fonctionne toujours car sa description d’un chaos urbain, entre un Paris sanctuarisé et des banlieues sinistrées, lui, sonne juste à nos oreilles. De plus, les personnages, qu’ils soient principaux ou secondaires, séduisent et amusent. En somme, Ligny sait se montrer truculent. Alors ne boudons pas notre plaisir.

 

Sylvain Bonnet

 

Jean-Marc Ligny, Inner city, Editions ActuSF, janvier 2016, 324 pages, 8 €

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