Le désir d'Italie : Jean-Noël Schifano

Le style et le regard portés sur le monde par Schifano se reconnaissent.facilement dans un mixage d'ancien et de nouveau à l'image de sa ville de prédilection : Naples dont il est le citoyen d'honneur. Elle habite toute son œuvre. L’Eneïde de Virgile est situé à Naples, Homère a situé une des plus belles scènes de l’Odyssée (la scène des sirènes), donc vous avez une charge romanesque et mythique, écrit l'auteur.

Et dans ce nouveau livre cette ville devient le point de départ d'une ascension et d'une brutale fin. Riche de toute une stratification le roman documente l'Italie des années 70 à travers l'histoire de l'héroïne qui donne le titre à cette fiction. La narration est aussi une manière d'expliquer une époque mouvementée en Italie. C'est l'époque de divers épisodes radicaux et aussi celui du grand cinéma italien dont ce livre se rapproche.

La fiction  illustre comment une femme simple, intelligente et belle (et c'est presque un euphémisme) emmagasine des expériences à ses risques et périls avec son mari comme avec le narrateur du roman. Le désir et le plaisir (mais pas seulement) alimentent ce voyages dans la botte et ses îles. Le personnage d'Anna est donc emblématique d'une époque dont elle est une icône entre Dolce Vita et tragédie.

Une langue ouverte, à travers certains rites païens qui bercent des ombres, transforme l'héroïne en mythe vivant. Elle reste un nombre jamais clos. Scaphandrière en son cerveau elle devient la morsure du vent et de l'eau des plus belles îles méditerranéennes. Ses nuits qui sont moins de Cabiria que celles d'Antonioni de La notte et  de L'Aventura,  le tout non sans magie. Et c'est peu dire.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Jean-Noël Schifano, Anna Amorosi, Gallimard, juin 2020, 128 p.-, 12,50 €
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