Jean-Philippe Toussaint : double je, double jeu

Retrouvant Bruxelles le romancier met en scène son héros lobbyste qui doit se rendre en Chine pour acheter des machines de minage de la cripto-monnaie.
Mais rien ne passe comme prévu dans ce roman de grâce et de profondeur.  L'histoire numérique se double d'un drame personnel. Elle renverse la fiction d'espionnage au moment où le héros (comme l'auteur) vient d'apprendre la disparition de son père.

Mais tout est écrit sans pathos. Mais mystère lorsque  pendant 48 heures le personnage reste inatteignable suite à une disparition  : celle  de son ordinateur.
Entre OSS 117 et John le Carré, Toussaint crée une fiction bien différente de ces ersatz. L'écriture  chez lui est  toute en fausse froideur minimaliste. Et le roman explose au nom d'une "morale" : elle contredit tous ceux qui sont fascinés par le technologie numérique.

Le romanesque est introduit dans ce monde froid pour le transformer en gag conte les "eurocrates". Une angoisse en cache une autre là où il pleut toujours.
En quelques pages l'auteur crée un plaidoyer pour l'Europe là où tout ressemble à un polar sublime au milieu des bit-coins et autres digitalisations.
Il faut lire ce livre.
Absolument.

Jean-Paul Gavard-Perret

Jean-Philippe Toussaint, La clé USB, Minuit, septembre 2019, 193 p.-, 17 €
Lire les premières pages.

 

Aucun commentaire pour ce contenu.