"Tout le monde il est gentil", notre père à tous (oh! la ferme)

Après un premier tome remarqué, On n’arrête pas la connerie, le cherche midi publie le 2e tome de l’intégrale de Jean Yanne : de l’utilité des rééditions pour tenir les jours de cafard.

 

Yanne est-il remboursé par la Sécurité sociale ?

 

Le chômage monte, la crise persiste, les politiques sont veules et impuissants : heureusement, Jean Yanne est vivant ! disparu en 2003, son humour rayonne. Corrosif, provocateur, Jean Yanne a commencé à sévir dès les années 60 à la radio où il a eu plusieurs fois maille à partir avec la censure. Qu’à cela ne tienne, Yanne devient acteur (fantastique chez Chabrol dans Que la bête meurt et Le boucher), puis metteur en scène.

 

Notre humoriste se fait satiriste dès son premier film, Tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, en mettant en scène les conflits au sein d’une radio (le film est basé sus ses souvenirs). Il franchit une étape avec Moi y en a vouloir des sous ! où il attaque syndicats et patronat avec une virulence de bon aloi. Les chinois à Paris ne sera rien d’autre qu’une critique virulente et drôlatique de l’attitude des français sous l’occupation allemande : Jean Yanne a n’ayant jamais été en phase avec une certaine pensée « résistancialiste » (c’est le moins que l’on puisse dire…). Pour autant, notre homme ne laissera pas un grand souvenir comme metteur en scène. Acteur génial, Yanne était juste un anar de droite toujours curieux, touche à tout, un de ces hommes bons à beaucoup de choses et éternellement révoltés contre la connerie…

 

Yanne le moraliste ?

 

Ici ce sont avant tout des phrases qu’on retient, comme des maximes de La Rochefoucauld, qui aident à passer les moments devant le journal de 20h, qu’on regarde avec un œil vitreux, en mangeant des pâtes et en se demandant jusqu’où la médiocrité peut faire tomber…

 

Si vous voulez être pris à votre entretien d’embauche à la SNCF, le moyen le plus sûr est d’arriver en retard.

 

Ça tape dur, ça frappe sec. Le meilleur est à venir :

 

L’argent ne fait pas le bonheur ? Laissez-moi rire. C’est comme tous les proverbes ça, c’est des trucs qu’on laisse croire aux pauvres pour éviter les émeutes.

 

Ma compagne grimace lorsque je lui parle de Jean Yanne. Pourquoi donc ?

 

-Avouez que c’est quand même difficile pour une femme de rendre un homme heureux…

-Qu’elles s’y mettent à plusieurs alors !

 

Déterminé malgré ses réticences croissantes, j’argumente et je lui parle de Yanne le féministe :

 

L’égalité des sexes, moi, je trouve ça très bien. Avant c’était toujours moi qui payais le restaurant !

 

Elle ne m’écoute guère. Bon, j’abandonne… Puis je zappe à la télévision, tombe sur des images de massacres (il y en a tout le temps, croyez moi) et le bon Jeannot me murmure :

 

Je crois à une intelligence extra-terrestre. La meilleure preuve, c’est qu’ils n’ont jamais essayé de nous contacter.

 

Ce livre, rempli de citations et de sketches, constitue un excellent antidote à la morosité ambiante. Jean Yanne vous manque ? Une bonne nouvelle : contrairement à des nouvelles déprimantes, Jean Yanne (je me répète mais je le crois) est toujours vivant !

 

Sylvain Bonnet

 

Jean Yanne, Tout le monde il est gentil, préface de Laurent Gerra, collection « Le sens de l’humour » le cherche midi, Avril 2013, 600 pages, 20 €

1 commentaire

génial! je recommande chaudement! une mine ! C'est toujours un bonheur de lire des bouquins sur des gens qui ne se prennent (prenaient) pas au sérieux. Ca change.