1917 la paix impossible, l'année des doutes


Un spécialiste de la Grande Guerre

 

Après Jean-Jacques Becker, Jean-Yves Le Naour s’est imposé comme un des spécialistes français du premier conflit mondial avec des ouvrages comme L’affaire Malvy et surtout sa série consacrée à chaque année de la guerre et commencé par 1914 en 2012 chez Perrin. Dans chacun de ces ouvrages, Le Naour aborde le contexte militaire, décortique les manœuvres diplomatiques de chaque camp et explicite les conséquences du conflit sur les sociétés européennes. En 1917, on va le voir, on est face à bien des évènements qui influencèrent et le conflit, et le vingtième siècle.

 

Déconvenues sur le front ouest…

 

Si en Russie, 1917 est l’année de l’effondrement politique, avec la chute du Tsar Nicolas II et une situation révolutionnaire de plus en plus incontrôlable (très bien décrite), à l’Ouest c’est l’année des espoirs très vite envolés : le général Nivelle, l’homme de la reprise du fort de Douaumont, est nommé généralissime des armées françaises et prépare au printemps une offensive visant la percée grâce à la puissance de l’artillerie. Ce sera le chemin des dames, une boucherie de plus aux résultats insignifiants qui amènera, après moult intrigues, à la nomination de Pétain. L’homme, contrairement à sa légende d’après-guerre, n’est pas contre les offensives mais se révélera un pragmatique, particulièrement dans la gestion des mutineries (même si, contrairement à la légende, il a ordonné des exécutions).

 

Intrigues politiques

 

L’importance du facteur politique ressort de l’ouvrage : d’abord du côté américain, avec le basculement de Wilson du côté allié (entièrement imputable au jusqu’auboutisme de l’état-major allemand), du côté russe bien sûr et enfin français. En 1917, la France est gouvernée par Alexandre Ribot et Paul Painlevé suite à la chute d’Aristide Briand. L’opinion est en proie au doute et travaillée par des journaux comme l’Action Française ou L’homme enchainé de Clemenceau, lié par une alliance objective. Clemenceau ira par exemple jusqu’à semer le doute sur la loyauté du ministre de l’intérieur, Malvy, pour pouvoir accéder au pouvoir, sans parler du procès qui sera plus tard fait à Joseph Caillaux… Et ça marchera : on est là face au froid machiavélisme d’un homme prêt à tout (y compris le pire) pour faire gagner la France face à l’Allemagne. Voilà un ouvrage acide, décapant, réussi.

 

 

 

Sylvain Bonnet

 

Jean-Yves Le Naour, 1917 La paix impossible, Perrin, octobre 2015, 420 pages, 23,50 €

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