Au rendez-vous des crapules : Jehan Van Langhenhoven

Jehan Van Langhenhoven illustre combien dans l'Histoire des révolutions – qu'elle soit Française ou Surréaliste – les mots, en croyant percuter les grands mystères de l'être et de la société, se disloquent en harangues braillardes où tout bien fondé n'a plus lieu d'être.

Chaque fois la même machine délirante et rarement célibataire se met en route. Pour un Benjamin Péret ou un Vaché il y a combien de Breton ?  A la vie fait place des empilements de cadavres qui ne sont pas forcément exquis.

Résultat : nécroses et amputations deviennent le reliquat des plus grandes ambitions. Pour le dire Jehan Van Langhenhoven – qui reste néanmoins dans un néo-surréalisme premier (et le seul digne d'intérêt) à la Jacques Rigaut – sait trouver des situations de discours inédites entre chants aussi lyriques que sinistrement drôles, parfois même dans un café aux brèves de comptoir décisives tandis que les Chaussettes Noires accompagnent Maurice dit Le Chevalier dans Le twist du canotier.
L'insolence et une certaine mélancolie sont décisives pour tordre le cou aux sophismes des anti-rhétoriqueurs dont la subversion ne vaut même pas un mambo ou un rock.

Sous couvert de génies politiques ou littéraires se cachent les âmes plus que trébuchantes qui finissent par caresser l'immonde. Les grands masturbateurs pyromanes de la politique ou de la littérature laissent à leur crédit un reliquat qui n'a rien de flatteur.


Jean-Paul Gavard-Perret


Jehan Van Langhenhoven, Prolégomène au huitième manifeste et Rivolvita !, coll. Poètes des cinq continents, L'Harmattan, janvier 2022, 54 p.- et 64 p.-, 9 € et 10 €

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1 commentaire

J'aime bon nombre de ces cadavres que vous empilez... Peut-être un côté nécrophile 🤔...