Jephan de Villiers : vertigo ou le retour aux fondamentaux

Les œuvres de Jephan de Villiers sont toujours de nature symbolique et anthropomorphique. L'artiste crée une iconographie qui ne renvoie plus aucunement à une quelconque gloire céleste de l’image mais à des présences obscures venues de l'inconscient soudain sinon mesurable ou visualisable mais "envisagé".

L’artiste quoique retrouvant un art premier remplace la dévotion médiéval par des matières qui font chavirer l’aspect ornemental sous l’effet de charge du bois. La matière-support devient l’objet de liturgie païenne. Elle  exalte la vie au sein d’une violence sourde.

Une telle approche évacue tout maniérisme afin d’extraire le regard dévot qu’on accorde à l'art afin de le remplacer par un regard plus sacrificiel vers ce qui à la fois devient nocturne et enflammé.
Muettes de telles sculptures parlent le silence de nos tréfonds. Mais l’art n’est plus fait pour infuser du fantasme. Jaillit l’autre en nous que nous ne pouvons oublier, qui nous hante. Il se démultiplie dans une forêt de totems dont l'élévation ne protègent pas forcément de la chute.

D'où la présence d'un "humour" aussi implicite que terrible. Il souligne les compulsions de vie et de mort. L'art devient avant tout un acte de puissance plus que de jouissance. Le temps est arrêté au sein même d’éléments humanoïdes qui voudraient le retenir. Mais cete érection en dit long sur leur fragilité et leur passage.
Ce qui jaillit des œuvres semble provenir directement de la matière et d'une forêt des songes dont nous possèderons jamais la clé. Emerge la mélancoliesourde des temps premiers. De Villiers crée l'avènement d'une essentialité. Nous y sommes non invités mais jetés comme s’il fallait préférer la douleur du crépuscule à la splendeur du jour. La force de l'être y jouxte son impuissance. Vertige rien que vertige.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Jephan de Villiers, Voix et fragilités des mondes, Galerie Marie-Angue Boucher, Bruxelles, du 21 octobre au 16 décembre.

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