Les "présences" mystérieuses de Jephan de Villiers

Jephan de Villiers, au sein d'un lieu sacré et à l'épreuve du temps, nous situe par ses "totems" dans le psychique mais dans le symbolique. Ils sont révulsés dans un réalisme particulier. Ils perdent (apparemment ou de prime abord) toute leur valeur sacrée et deviennent les colifichets – et les colis fichés – d’une imagerie transgressive.
Ne refusant pas l’ornemental qu’implique tout rite et même tout travail de la pensée, l'artiste le détourne comme s’il protestait contre un  triple leurre : ceux de la commémoration, du sacré et de la pensée.

Jephan de Villiers compose une sorte de défiguration symbolique : à la croyance et à la dévotion fait place un montage où le corps vénéré est remplacé par son image en trois dimension. L'artiste crée ainsi un autre type de fascination-répulsion. L’opération est violente même si tout fait l'objet de mystérieux enveloppements.

L’artiste propose une hérésie majeure. Elle renvoie la gloire céleste non à un en dessus mais à un en deça. Exit l’Assomption : nous sommes placés au sein de la réversion et du chantournement. Nous ne sommes plus portés vers le plus lointain au-delà mais dans le plus profond du dedans où nos monstres sommeillent mais comme le font les plus dangereux des espions -  les taupes dormantes.

Contempler de telles oeuvres revient à se poser une question essentielle : s’agit-il d’articuler la mort dans la vie mais la vie dans la mort ? Difficile de répondre : d’un côté la force créatrice fait pencher pour la première version, d’un autre côté ce que cette création fait surgir permet d'opter pour la seconde hypothèse.

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Jephan de Villiers, "Au travers du temps, les arches du silence", Abbaye de Flaran (Gers), du 25 mai au 22 septembre 2019

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