L’inéluctable défaite des Hommes

Initialement paru en août 2018, ce roman a reçu deux prix : le Prix littéraire Le Monde 2019 et le Prix Méditerranée 2019.

Par une soirée d’août, Antonia, une jeune photographe, trouve la mort sur une route de Calvi. L’office funèbre de la défunte sera célébré par un prêtre qui n’est autre que son oncle et parrain, lequel, pour faire rempart à son infinie tristesse, s’est promis de s’en tenir strictement aux règles édictées par la liturgie.
Mais, dans la fournaise de la petite église, les images déferlent de toutes les mémoires, reconstituant la trajectoire de l’adolescente, de la jeune fille qui, au milieu des années 1980, s’est jetée dans les bras d’un trop séduisant militant nationaliste avant de se résoudre à travailler pour un quotidien local. Et d’enfin se décider à partir, en 1991, pour l’ex-Yougoslavie, attirée comme tant d’autres avant elle dans le champ magnétique de la guerre.


Notre monde désarticulé se lit désormais par l’image, et même les rares écarts littéraires tendent de plus en plus à s’écrire comme des scénarii afin d’aider le lecteur à visualiser, comme s’il était définitivement admis que sa crétinerie est telle qu’il n’a plus aucune imagination pour se construire ses propres images, ni d’esprit pour deviner, ressentir ce que les personnages vivent, alors l’auteur se sent obligé de décrire dans le moindre détail jusqu’à la couleur de sa miction du matin, n’est-ce pas madame Angot ?
L’art contemporain démontre que la peinture n’est plus qu’un vecteur de propagande ou un outil de défiscalisation, un moyen technique et non plus une œuvre, et encore moins une porte spirituelle vers ailleurs. Alors tout le monde ment pour aboutir à ses fins, du mouvement soit disant spontané des jeunes derrière le candidat Macron – quand on sait maintenant que ce ne fut qu’un jeu de dupe de plus pour piéger l’électeur – aux attentas sous fausse bannière pour justifier une guerre préventive de plus, si bien que seule compte l’image, cette photo qui ne suspend pas le temps - comme la bonne peinture - mais le fixe à jamais dans sa cruelle éternité. Preuve définitive de la veulerie des Hommes qui ne vont que de défaite en défaite… sujet dont Laurent Gaudé s'était d'ailleurs emparé en 2016.

Lire la suite...

François Xavier

Jérôme Ferrari, À son image, Babel, août 2020, 224 p. – 7,70 €

Aucun commentaire pour ce contenu.