Le Regard des princes à minuit

Auteur célèbre de (bonne) littérature pour adolescents, Erik Lhomme est avant tout un aventurier, qui, naguère, risqua sa peau dans les neiges de l’Hindou Kouch sur les traces du yéti ou des dernières tribus polythéistes. Alpiniste, fin lettré et écrivain à succès : cocktail peu courant et d’autant plus savoureux que, réfugié dans son refuge de la Drôme provençale, l’homme est resté d’une simplicité franciscaine. Surtout, il est demeuré fidèle à sa jeunesse rebelle – une rébellion par le haut, chevaleresque et vitaliste. Sept nouvelles dédiées à la mémoire du regretté Jean-Louis Foncine attestent que notre prince Erik ne renie pas ses maîtres Nietzsche et Héraclite.


Sept récits d’épreuves qui sont autant d’illustrations d’une même révolte contre le monde moderne, sa veulerie et sa vulgarité. Que ses héros dansent la câline mazurka (« qui permet à une fille d’être intime avec un garçon sans qu’elle ait besoin d’enlever ses vêtements »), qu’ils dynamitent sans complexe une antenne de télévision (cet instrument du mensonge), se bagarrent à mains nues (comme dans Fight Club) ou méditent à la belle étoile dans la forêt de Brocéliande, tous cheminent vers une initiation sans rien de formel. Tous subissent une épreuve qui leur permet de mieux se connaître et de devenir ce qu’ils sont de toute éternité : des chevaliers. Naïf ? Il s’agit d’un livre pour adolescents (à partir de 12 ans), donc du plus haut sérieux, plein d’enseignements chuchotés au creux de l’oreille à qui en est digne.  Les adultes (jusqu’à 77 ans) le liront – non, je ne vais tout de même pas écrire avec « profit » - avec plaisir.

 

Christopher Gérard

 

Erik Lhomme, Le Regard des princes à minuit, Gallimard jeunesse, 144 pages, 7,65€

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