Les Guerres Secrètes

Une poignée de super-héros et de super-vilains sont téléportés sur Battleworld, une planète artificielle créée par le Beyonder, un être quasi-divin. Ce dernier leur promet que ceux qui remporteront la guerre verront leurs vœux s’exaucer. Mais très vite, des dissensions apparaissent dans les deux camps. D’abord parce que les personnages ne se connaissent pas forcément très bien, mais aussi parce que tout le monde n’a pas forcément les mêmes attentes quant à l’issue du combat…

 

Contrairement à ce qu’on peut lire parfois, Secret Wars (le nom vo des Guerres Secrètes) n’est pas vraiment le premier crossover Marvel. Depuis leurs débuts, les super-héros Marvel avaient pris l’habitude de se croiser au détour d’un épisode. La tradition veut même qu’ils commencent par se battre, ensuite pour discuter, et finalement s’allier contre le ou les vilains. Et jusqu’à Secret Wars, les rencontres de super-héros se déroulaient dans leurs séries. Quelques exemples devenus des classiques : la Guerre Kree/Skrull, qui s’étale sur plusieurs épisodes de la série Avengers, ou bien encore la Saga de Korvac (dont je vous parlais récemment sur le Salon Littéraire à l’occasion de sa réédition). S’il n’est donc pas vraiment le premier crossover Marvel, Secret Wars est particulièrement important car cette aventure servira de modèle pour toutes les sagas à venir.

 

À l’origine, Les Guerres Secrètes ne sont pas un projet impulsé par Marvel. C’est Mattel, le fabricant de jouets, qui cherche en 1984 une nouvelle franchise après son succès avec les Maîtres de l’Univers. Mattel commande donc à Marvel une épopée qui mettrait en scène les figurines de la gamme. Le succès sera foudroyant, et la première série de figurines sera rapidement suivie d’une seconde. C’est Jim Shooter, le rédacteur en chef de Marvel, qui se charge d’écrire le scénario, qui emprunte par moment à la Saga de Korvac, dont il était aussi le scénariste.

 

La particularité des Guerres Secrètes, c’est d’être le premier crossover organisé autour d’une série principale (homonyme), spécialement créée pour l’événement, et sans que les séries des super-héros concernés ne s’arrêtent. Avec pour conséquence que les lecteurs voyaient très vite revenir les héros dans leurs propres séries, mais plus ou moins changés : Spider-Man arborait un tout nouveau costume noir ; la Chose des Quatre Fantastiques était remplacé par Miss Hulk ; ou Magnéto, un vieil ennemi des X-Men, semblait avoir changé de bord. Pour ne citer que quelques-unes des conséquences de Secret Wars. Du coup, le lecteur s’interrogeait : qu’est-ce qui avait bien pu se passer durant les Guerres Secrètes ? Réponse : dans la mini-série du même nom, pardi !

 

Évidemment, depuis, la recette a fait école, surtout que Marvel nous la ressert presque deux fois par an depuis quelques années. Cependant, relire cette saga plus de trente ans après sa publication, c’est aussi constater Secret Wars fonctionne toujours. Il y a évidemment un petit côté Tournoi des Champions (un autre proto-crossover de 1982) avec ces super-humains qui se battent en petits groupes, par escarmouches. Et contrairement à maintenant, Marvel ne se croit pas obligé de tuer un super-héros pour gonfler artificiellement l’intérêt de l’histoire.

 

Un mot sur la forme : le format un peu plus grand qu’un comic book standard, le papier épais et glacé, et les couleurs restaurées soulignent les jolis dessins de Mike Zeck. Cette réédition des Guerres Secrètes, c’est donc une superbe plongée dans l’ADN des crossovers Marvel modernes, et plus généralement dans l’ambiance des comic books des années 80.

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

 

Jim Shooter (scénario), Mike Zeck (dessins)

Les Guerres Secrètes (récit complet)

Édité en France par Panini France (6 janvier 2016)

336 pages couleurs, papier glacé, couverture cartonnée

26,00 euros

EAN : 9782809453119

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