Le triomphe du christianisme : Constantin et l'édit de Milan (313)

Lorsque Constantin au quatrième siècle légitime les Chrétiens à pratiquer leur religion par l'édit de Milan,  le christianisme est une religion en pleine expansion même si ses fidèles sont encore assez peu nombreux en occident. (4 à 5 % dans l'empire, 10 % à Rome) Cet édit de tolérance affirme que chacun "peut adorer à sa manière la divinité qui se trouve dans le ciel".
 

Extrêmement novateur, il permet aux chrétiens de ne plus vénérer l'empereur comme un dieu.

Devant un pouvoir impérial affaibli par les invasions, la corruption, les querelles et une crise économique sans précédent, la croyance chrétienne séduit par sa volonté de justice, ses idéaux humanistes et universels. Dès cette époque des évêques s'installent en Gaule. Saint Denis à Paris évangélise une région encore païenne.


Si l'édit de Milan  est totalement reconnu par les historiens, - ses 1700 ans ont été célébrés avec faste en octobre 2013- Joël Schmidt démontre  avec brio que l'empereur Constantin a pu l'imposer parce que le climat  social et religieux s'y prêtait mais aussi parce que sa propre éducation l'y avait poussé. En effet, élevé dans un esprit de tolérance dans le culte du Sol Invictus qui succéda au deuxième siècle aux quelques trente mille divinités romaines,  Constantin avait compris que le peuple était prêt à embrasser une religion monothéiste.


L'édit de Milan pour révolutionnaire qu'il soit succède en droite ligne  à l'édit de Galère en 311 accordant déjà aux chrétiens le libre partage de leur culte mais qui ne fut pas appliqué.


L'œuvre de Constantin est donc pour Joël Schmidt, écrivain et historien de l'antiquité celui d'un empereur visionnaire qui avec la reconnaissance des chrétiens fait entrer le monde dans le moyen âge. Ce moment historique étant généralement daté de 476, avec la déposition du dernier empereur de Rome Romulus Augustulus par Odoacre le chef des Hérules.


Brigit Bontour

 

Joël Schmidt, Le triomphe du christianisme, Constantin et l'édit de Milan, Editions Salvator, 144 p., 15 €

 

3 commentaires

Pour avoir étudié particulièrement les religions de l'Empire romain, le culte de sol invictus atteint son acmé au IIIe siècle (de mémoire l'empereur Aurélien en était adepte). Sur le sujet, je conseille le livre de Paul Veyne sur l'édit de 313 et celui de Pierre Maraval sur Constantin.

Il n'y a jamais eu de livre de Paul Veyne sur l'édit de Milan, sinon un passage remarquable de son livre, quand le monde est devenu chrétien, sur cette date importante. Le livre de Maraval est en effet une somme très érudite qui retrace la carrière de Constantin. L'auteur du Triomphe du Christianisme a du s'en tenir au fait même de l'Edit de Milan, de ses causes et de ses conséquences. Il s'est intéressé lui aussi à l'histoire religieuse de l'antiquité, et au culte du Sol Invictus, effectivement imposé par l'empereur Aurélien à son armée. Il a été aussi l'élève de Henri Irénée Marrou qui en matière d'Histoire religieuse antique était une sommité.

Effectivement, ma mémoire m'a joué un tour au sujet de Paul Veyne. Pour l'histoire religieuse, outre Henri-Irénée Marrou, je renvoie au livre de Robert Turcan, les cultes orientaux dans le monde romain et aux travaux de John Scheid.