"Hadrien", le modèle impérial

Un esprit original

 

Historien et écrivain, Joël Schmidt a fait ses études à la Sorbonne, où il rédige un diplôme d'études supérieures d'histoire sur Jérôme et  Jean Tharaud. Il a publié plusieurs ouvrages dont les gaulois contre les romains ou le royaume wisigoth d’Occitanie. Protestant, il a également publié un ouvrage intitulé La Saint-Barthélémy n'aura pas lieu : Et si la France était devenue protestante  chez          Albin Michel en 2011. Ici il s’attaque à la figure d’Hadrien, empereur romain de la dynastie des Antonins (déjà bien étudié par Yves Roman par ailleurs) qui inspira notamment Marguerite Yourcenar.

 

Successeur de Trajan

 

Hadrien est originaire d’Italica, colonie romaine d’Espagne et est apparenté à Trajan, empereur depuis 98. Ce dernier l’invite à accomplir une carrière militaire : Hadrien s’impose facilement à ses soldats par ses qualités de chef (dixit les sources) et se rapproche de Trajan qui voit en lui un possible successeur. Lorsque ce dernier meurt en Mésopotamie après avoir tenté de marcher sur les traces d’Alexandre le grand, Hadrien lui succède logiquement (même si l’adoption fut contestée). Si Hadrien marque sa déférence envers le Sénat, il le laisse exécuter quatre consulaires qui complotaient en vue de s’emparer du trône. De là débute une tradition historiographique sénatoriale plutôt hostile envers Hadrien l’accusant d’avoir forcé le sénat à cette exécution…

 

Un grand administrateur

 

Hadrien commence par évacuer les conquêtes de Trajan en Mésopotamie, estimant que les parthes n’auront de cesse de vouloir les réclamer. À l’Ouest, il stabilise les frontières de l’Empire et construit les limes (les vestiges du mur d’Hadrien sont toujours visibles en Ecosse), sorte de lignes fortifiées dressées contre les peuples barbares (ce qui n’exclue en rien les échanges commerciaux). Avec lui, c’est la fin des conquêtes et le début d’une période de paix qui prendra fin avec les guerres de Marc-Aurèle. Pour autant, Hadrien ne néglige pas l’armée, utilisée pour réprimer des récoltes, comme celle des juifs en 135.

 

Dans cet ouvrage, Joël Schmidt montre combien cet empereur accusé de tous les maux, homosexuel (même si les préjugés de l’antiquité ne sont pas les nôtres, des sources comme Dion cassius ou l'histoire Auguste l'ont critiqué pour sa passion pour le bel Antinöus), administra bien l’Empire. Il fut un grand évergète pour la Grèce (dont il admirait la culture), fonda plusieurs villes, accorda des dégrèvements fiscaux… Il réorganisa aussi le conseil du Prince esquissé sous Trajan, consolida l’administration impériale, favorisa l’ordre équestre dans le gouvernement de l’Italie et des provinces au détriment des sénateurs… qui ne lui pardonnèrent jamais.

 

Citant à foison les auteurs anciens, s’appuyant sur les travaux des historiens modernes, Joël Schmidt montre combien cet empereur romain qualifié de « petit grec » compta dans la construction de la civilisation européenne.

 

 

Sylvain Bonnet

 

Joël Schmidt, Hadrien, Perrin, Janvier 2014, 360 pages, 23 €

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