Un garçon vient au monde, sa jumelle ne survit pas. Aude, son aînée de quelques années est folle de joie à l'idée d'avoir un petit frère, elle ne sera plus seule avec sa mère hostile, son père trop occupé. Elle compte bien l'accueillir dans sa chambre, être sa gardienne.
Au fil des années, les enfants deviennent inséparables entre une mère austère, qui n'éprouve aucun sentiment pour sa fille, un père absent.  La grande sœur protège le petit des caves de la division allemande Das Reich. Ils s'élèvent presque seuls en découvrant les contes de Grimm ou d'Andersen en s'inventant des jeux connus d'eux seuls.

Ils sont deux contre le monde entier. Aux occupations d'enfants, succèdent des jeux interdits, ils dorment ensemble. dans "une proximité malsaine" selon leur mère. 
Bientôt, ces enfants étranges découvrent leur raison d'être, le piano. Ils entrent au conservatoire et deviennent des interprètes mondialement reconnus, consubstantiels. Certes, l'un comme l'autre ont connu de brèves intermèdes charnels avec des partenaires de leur âge mais la découverte que l'inceste n'est pas un délit dès lors qu'il se pratique  entre  adultes consentants leur ouvre un champ des possibles infini.
Leur histoire d'amour dont personne ne sait rien étonne et prête à confusion, mais ces personnages de légende qui ne vieillissent pas en dépit du passage des années restent mystérieux aux yeux de tous.

Dans ce livre, Joël Schmidt  reprend le thème qui lui est cher entre tous de la gémellité  empêchée, déjà le sujet de Un cri pour deux. Ayant lui-même perdu sa jumelle à la naissance, il n'a de cesse de rechercher sa soeur perdue. A travers ces deux personnages atypiques, originaux qui vont au bout de la passion fraternelle, l'auteur, romancier, historien explore à nouveau  un monde où légendes et musique se confondent, dans lequel le terme de romantisme n'est pas un vain mot.

Brigit Bontour

Joël Schmidt, Jamais l’un sans l’autre, Albin Michel, mai 2019, 167p. ; 15 €