East of West, tome 4 – À qui profite la guerre ?

C'est la guerre ! Mao Xiaolian a déclaré la guerre aux autres Élus et le pays se déchire. Des alliances nouvelles se créent pendant que dans l'ombre certains dirigeants complotent pour tirer profit de la situation.

Après avoir découvert le centre dans lequel son fils, Babylon, a été séquestré et conditionné depuis sa naissance, Mort part à sa recherche. À leurs trousses : les trois autres Cavaliers de l'Apocalypse, bien décidés à ce que les prophéties du Message s'accomplissent. Babylon, quant à lui, est toujours manipulé par Ballon, une intelligence artificielle conçue pour le transformer en tueur…


Si le premier tome d'East of West se concentrait sur Mort, petit à petit au fil des deux albums suivants, Jonathan Hickman a développé son propre univers futuriste pour transformer son histoire en une grande épopée. Et bien malin qui saura dire dans quelle direction Hickman va développer son travail. East of West étant un creator-owned, l'auteur est libre d'en faire réellement ce qu'il veut.


Non seulement la toile de fond générale progresse, mais la quête de Mort aussi, le tout alimenté par tout un ensemble de personnages qui prennent lentement mais sûrement de l'importance : Xiaolian, Chamberlain et maintenant Babylon. L'une des forces d'Hickman, c'est qu'il prend soin de particulièrement caractériser ses personnages : ils ont tous un petit quelque chose d'un peu fou qui les rend intéressants. Dans ce tome 4, on suit particulièrement Babylon, enfant élevé par une machine sensée lui apprendre à devenir littéralement le destructeur de notre monde. L'enfant est blanc (il n'a jamais vu la couleur du soleil), et relié par ses yeux à une espèce de sphère flottante, une intelligence artificielle qui lui diffuse des images virtuelles afin de le conditionner et le manipuler.


Un mot sur Nick Dragotta, le dessinateur qui conçoit l'identité visuelle de la série. Si les arrière-plans sont parfois vides ou peu détaillés, il compense cette épure par une originalité visuelle qui colle parfaitement avec le style d'Hickman. Malgré le nombre important de personnages, Dragotta s'arrange pour caractériser chacun d'entre-eux. Il m'a semblé percevoir une inspiration asiatique dans son style, ce qui donne à la série une ambiance curieuse. Quoiqu'il en soit, les deux artistes sont clairement sur la même longueur d'onde et "se trouvent" facilement, cette cohésion renforçant évidemment l’œuvre.


J'ai déjà soulevé sur Le Salon littéraire les faiblesses de Jonathan Hickman lorsqu'il écrit pour Marvel. Libéré des contraintes éditoriales lourdes, il construit ici une fresque fascinante et accessible mélangeant les genres : uchronie, science-fiction, épouvante et western.


On tient là un titre absolument remarquable par son originalité et sa qualité d'écriture.



Stéphane Le Troëdec




Jonathan Hickman (scénario) et Nick Dragotta (dessins)

East of West, tome 4 – À qui profite la guerre ?

Édité en France par Urban Comics (21 août 2015)

Collection Urban Indies

160 pages en couleurs sur papier glacé sous couverture cartonnée

15 euros

ISBN : 9782365776684



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