Patrick Beurard-Valdoye : forêt de certains songes

Patrick Beurard-Valdoye tel un intrus brouille les cartes qui donnaient l’atout à la seule forêt. L'ombre des arbres engendre un recueillement, une attente. Ils montent vers le regard du poète. Qui attendre alors ? Le poète n’est plus là pour le comprendre. Cela le conforte dans une nouvelle étrangeté en des paysages connus dont il n’as plus besoin de déplier les raisons.

Voilà le départ pour un maelstrom d'émotions. Les arbres apprennent qu’on n'est rien, à personne. Qu’aucun d'eux ne vole au secours de quelqu’un. Au besoin on s'y pend. Mais l'arbre apprend aussi le morse. C'est une façon de figurer sa langue dans l'appel de la forêt. Mais pas seulement. Parmi les arbres il avance comme une fourmi dans la neige. À l’articulation du jour il arrache la page de garde humide, corps en instances multiples.

Hêtres, bouleaux, frênes, chênes, pins, peupliers, charmes, saules offrent des tours de manège au promeneur solitaire pour peu qu'il ne pense pas qu'à eux mais à de possibles rencontres. Des mots se prononcent à l’ombre des branches et frondaisons. Il y a là des  rôdeurs ou des fantômes enchanteurs  tels lieux mais aussi des rues

Patrick Beurard-Valdoye à la fois magnifie chaque essences comme si des fées pouvaient en sortir d’une pudeur rudement muette qui invitent aux étreintes et sous divers "climats", là où la poésie – pour ramener l’ordre – modèle le désordre là où la voix est en action en devenant une question de syllabes et d’oreille dans l’arbre . Lui-même se fait entendre en un juste retour des choses et dans l'espoir qu'un d'un marron renaisse un arbre même près d'un cercueil et dans ce qui devient une sorte  d’autobiographie. Elle n'a rien de factice.

Jean-Paul Gavard-Perret

Patrick Beurard-Valdoye, Palabre avec les arbres, Éditions José Corti, octobre 2021, 76 p., 15,50 €

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