Écrivain. Directeur éditorial du Salon littéraire.

L'examen de conscience du grand écrivain dans "En Absence" de Joseph Vebret

Un quart d'heure avant minuit, le soir du réveillon, un romancier à succès reçoit l'étrange visite d'une jeune femme a priori omnisciente et qui s'impose à lui. Essayant d'abord de la charmer, puis de la chasser, il va vite comprendre qu'il ne pourra s'en libérer qu'en lui donnant ce qu'elle veut. Mais que veut-elle ? un autographe ? une coucherie avec le grand homme ? de l'argent ?
Cette confrontation insolite n'est-elle que l'occasion d'une crise de conscience pour celui qui n'est pas l'homme ni l'écrivain qu'il prétend être ? Plusieurs fantômes vont ressurgir au cours de la conversation, disons presque l'interrogatoire, au point que le "maître" va finir par devoir questionner son rapport au monde et aux êtres, et faire son autocritique et, enfin, se regarder en face hors des masques et des poses. 
Mais pourquoi cet échange, à quelle fin ? Toute la pièce tient sur cette tension, qui est une belle trouvaille littéraire (et dont on ne dira rien ici). On imagine volontiers nombre de grands écrivains soumis à la même angoisse !

Ce dialogue parfaitement huilé, ce duel sans concession, très enlevé — avec beaucoup d'humour, un admirable "J'emmerde Gide" et quelques piques bien senties contre le petit monde des livres —, est servi par les deux acteurs qui ont interprété la pièce sur scène. On retiendra surtout la performance d'Alain Carré qui campe un écrivain égocentrique et colérique très convainquant. 

Loïc Di Stefano

Joseph Vebret, En Absence, Autrement dit, 1 CD, 1h20, 19,99 eur - interprété par Céline Alexandre et Alain Carré.

Texte publié chez L'Archange Minotaure

NB : Joseph Vebret est directeur éditorial du Salon littéraire
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