Carthage de Joyce Carol Oates : Le ravissement de Cressida Mayfield

C’était censé être une soirée d’été comme les autres dans la petite ville de Carthage ou les Mayfield élèvent leurs deux filles, Juliet « la belle » et Cressida « l’intelligente » comme on surnomme depuis l’enfance les deux sœurs. Mais quand l’aube arrive, Cressida, 19 ans, n’est pas réapparue : les recherches commencent et l’angoisse monte. Serait-ce une fugue, un accident ou bien un crime ? Son père Zeno, qui fut maire de Carthage remue ciel et terre. Et bientôt un suspect émerge : le caporal Brett Kincaid, soldat revenu d’Irak, fiancé à Juliet. Celui-ci est rentré des combats salement amoché : physiquement, il a été blessé et son beau visage a été entièrement reconstruit. Moralement, il n’arrive à se souvenir de rien, sauf des exactions commises sur des civils par des soldats américains là bas. Bref, voilà le coupable idéal…

 

Joyce Carol Oates  nage comme un poisson dans cette sombre histoire et reconstitue les monologues de chacun, s’immisçant dans le cerveau malade de Kincaid et l’accompagnant jusque dans le couloir de la mort. De la rivalité entre sœurs à la violence domestique, du front irakien à la recherche bouleversante d’un père convaincu que sa fille est en vie, de l’amour à la haine, Oates nous montre encore l’étendue de son talent. Jamais là où on l’attend, elle décrit d’une plume acérée et intense les rumeurs, suspicions d’une petite ville face à un fait-divers atroce et nous entraine dans un kaléidoscope des motivations et des actions de chacun.

Passionnant.

 

Ariane Bois

 

Joyce Carol Oates, Carthage, Editions Philippe Rey, octobre 2015, 592 pages, 24,50 € 

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