Sacré Jules, César, Antonin !

Consultant pour la première fois ce matin la notice du Maitron consacrée au facteur-poète Jules Mougin, j’ai aussitôt éclaté de rire car m’y sont évidemment tout de suite apparus, en effet désopilants à son endroit, ses deux autres prénoms que je ne connaissais pas, ni d'Ève ni d'Adam : après celui de Jules donc, César et Antonin !
Ses chers parents – son père travaillait en usine, sa mère fut femme de ménage – avaient donc ainsi cru bon, en toute bonne foi, de l'accoutrer, pauvre Jules, à son grand dam n’en doutons pas, non d’une seule, mais, par triple ironie du sort, de trois références criardes à des empereurs romains !
D'accord, il est vrai que comme lui l'Imperator Antonin raffolait, paraît-il, des toujours aussi fameux fromages de chèvres de Banon, mais n'empêche !
Et puis, pour quelqu'un qui, je le crois fermement, dut déjà naître antimilitariste notoire, des guerriers de la sorte d'un coup d'un seul au départ, je ne vous dis que ça !
Cela, il n’en a pourtant nulle part – à ma connaissance en tout cas – fait seulement mention, loupant ainsi l’occasion – comme, le connaissant, cela ne lui aurait pourtant pas déplu, loin de là ! – de se tourner un peu lui-même en dérision, ou de se faire, à sa bien théâtrale façon, quelques grandioses compliments à l'envers ou autres gorges chaudes en regard de tels traîtres illustres prénoms ornant  sans façon en bonne et due forme ses divers papiers les plus officiels !

Ce silence – matois, non – me surprend un peu (beaucoup) de sa part. Aussi, ne m'étonnerait-il pas, comme je le souhaite, que quelques bonnes feuilles fort à propos soient à cette heure encore enfouies parmi les milliers de lettres ou autres dessins et écrits inédits qui, je l’espère vivement, seront un jour prochain sortis des classeurs et des tiroirs d'archives – pour ne pas dire des oubliettes ! –, enfin édités, mis à jour avant que, plus rapides, efficaces et responsables, les souris ne jouent les déchiqueteuses pour y faire tout naturellement leur nid au profit de nouvelles générations...

Dans l’attente, impatient, j'imagine bien – m'en régalant déjà ainsi quelque peu d'avance –  cet irréductible pacifiste viscéral s'auto-caricaturant en un méchant Jules César changé en facteur-poète hors-norme, sa chère et fidèle plume Sergent-Major à la main pour sceptre impérial.
Et puis, bon Dieu de bon Dieu, j'allais oublier : un petit peu de traviole, la couronne de laurier en guise d'auréole !

André Lombard

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