Le livre dont vous êtes l’ (anti) héroïne : "Viviane Elisabeth Fauville" de Julia Deck

Un roman écrit (en partie) à la deuxième personne du pluriel, cela étonne (un peu) et quand l’auteur tente ainsi de vous mettre, vous, lecteur, à la place d’une femme de 42 ans ayant tué son psychanalyste, cela peut tout à fait vous mettre mal à l’aise mais la littérature n’est-elle pas faite (aussi) pour déranger ?

Il faut dire qu’elle est peu confortable la place de Viviane Elisabeth Fauville : 42 ans, un bébé et un mari qui vient de la quitter, un poste de cadre dans une entreprise du bâtiment… et une vie qui part à vau-l’eau le jour où tout dérape chez son psychanalyste.

Ainsi que le titre très durassien le laisse présager, l’écriture de Julia Deck est sèche et blanche, très factuelle, presque ingrate. Ce n’est donc pas la fulgurance du style qui capte le lecteur mais on se laisse pourtant happer par cette histoire qui vire au fait divers, tant ce personnage de V.E.F. est mystérieux et opaque. Cette femme nous file entre les doigts quand on croit être enfin parvenu à la saisir, se jouant du lecteur et peut-être même de l’auteur…

Le livre réserve de plus quelques surprises de taille et la tension dramatique est omniprésente mine de rien. Julia Deck nous offre en cette rentrée littéraire squattée par des « vieux routiers de la littérature » un premier roman réussi qui nous transporte aux frontières de la folie.      

 

Marianne Desroziers

 

Julia Deck, Viviane Elisabeth Fauville, Editions de Minuit, 6 septembre 2012, 154 p., 13,50 euros.

 

 


 

Aucun commentaire pour ce contenu.