Toutes les images du monde : Anne Cindric l’écorchée-vive

                   


 

Julie Crenn, « A l’intérieur : Anne Cindric  », Collection Julie Crenn,  Derrière la salle de bain, Rouen .

 

Explorant les images du passé le plus reculé, de l’avenir (souvent cruel en ses perspectives) et de diverses cultures Anne Cindric propose l’inverse d’une rémission : à savoir une fête. Les couleurs comme les formes ne sont jamais sages dans son oeuvre. Elles sont poussées jusqu’au point limite au-delà duquel elles ne pourraient que défaillir et décheoir. L’artiste invente une critique de tous les pouvoirs : le masculin en particulier puisque le monde est fait par et pour lui. Anne Cindric ne s’y soumet pas. Son œuvre entre en résistance. Elle ressemble à un convoi armé aux ressources inépuisables. Elle se fait acide voire  cruelle nécessairement puisque surgit ce qui oppresse.

 

Se moquant du caractère décoratif de l’art la créatrice écorchée vive et grevée d’un lourd passif existentiel ose ce que les vieilles poternes de l’art n’envisageraient même pas. Elle fonce la tête la première dans des toiles qui par leur force corrosive deviennent des puis de joie. Au regardeur d’y trouver son passage. Contraceptif  aux diverses axes du mal ce travail fait de l’artiste une Dolly Prane attachante par les croupières qu’elle propose. On ne peut qu’être saisi par la horse d’œuvres incisives lancée face aux saigneurs des anneaux, aux gloutons de panurge. Face à eux Anne Cindric ne cède pas d’un pouce, elle a pignon eux et de mouflette se fait  mufle à la place des mufles. Elle leur montre leur propre bête : loup, lion, hyène.  L’artiste crée l'espace qui en sépare comme celui qui sépare de nous-mêmes. Elle rappelle la vie d'avant le jour et d'avant le langage. Il convient d’entrer en urgence dans l’épaisseur de son œuvre.

 

Jean-Paul Gavard-Perret.

 

 

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