Juliette Pinpernelle : le coup du charme

Dans les autoportraits de Juliette Pinpernelle le noir et blanc corrige les couleurs, sauve la lumière sur un dos courbé, un visage (presque) caché - histoire de pimenter le genre. Histoire aussi de présente le miroir dans lequel nous voyons « mal » celle qui se montre en ombre inconnue. Les jeux des lignes disent une dérive ou une traversée au moment où dans le corps de la femme persiste un savoir dont on ne sait rien - et dont l’artiste elle-même ignore peut-être les pouvoirs. Reste à éprouver ce qui se donne, se noue et s’entrouvre à la fois. Entrevoir, croire entrevoir, croire. Retourner dans le labyrinthe du féminin. Flux  et reflux hantent et jouent, désarçonnent. Dans chaque photo reste le rappel à la vie mais où le corps résiste comme une coque de scarabée.

Le regard comprend comment se joue le je enfoui qui émerge telle une bouée de corps-mort mais sur lequel le vivant joue.  Il convient de glisser au milieu des remous entre le réel et sa dérive. L’obscur parle la clarté promise. Avec quelque chose de violent pour sa part obscure. L’image est moins cliché qu’épreuve, elle-même à l’épreuve du temps. Le trajet des noirs ramène toujours au blanc. Voir là la tendre indifférence du monde que Juliette Pinpernelle  habille et déshabille.  Entrer dans de tels autoportraits c’est donc se laisser prendre dans le coup du charme.

Jean-Paul Gavard-Perret

Juliette Pinpernelle, Autoportraits, Hôtel Côté Sable, Le Cap Ferrat, été 2017.

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