Ce que tu as fait de moi

Pour ne pas avoir respecté l’adage : il ne faut jamais mélanger sexe et travail, la lieutenant Laetitia Graminsky et son supérieur le commissaire Richard Ménainville sont dans de très sales draps. Chacun est interrogé de son côté par un flic de l’IGPN dans les locaux de la brigade des stups où ils sévissent tous les deux.
L’atmosphère dans les locaux est à couper au couteau. Tous, vieux briscards ou jeunes recrues sont sous le choc de ce qui vient de se passer.
Ménainville a eu le coup de foudre pour Graminsky dès qu’elle pénétra dans son bureau quelques mois plus tôt.
La situation aurait pu être gérable par deux personnes équilibrées, quitte à ce que l’une d’entre elles quitte le service. Sauf que le hasard, le manque de maturité, le flirt avec les limites ont vite transformé l’histoire en un cauchemar où amour, rejet et jalousie a très rapidement mené une danse mortelle.
Au fil des pages, les deux suspects livrent un récit de sexe et de passion, de manipulation, de haine et d’amour fou qui les a conduit au désastre.
Durant une longue nuit, les amants confessent l’indicible, ne cachent rien de leurs tourments ni de leurs écarts. D’une totale franchise, jusqu’à l’impudeur, l’un et l’autre confient les mêmes faits, vécus selon une approche différente à des inspecteurs médusés par une telle avalanche de révélations, de coups tordus et de rebondissements.
Si tous deux sont épris, ils sont aussi calculateurs l’un que l’autre. Apparemment le supérieur ne souhaitait que parvenir à ses fins, tandis que la stagiaire voulait être intégrée. Mais la réalité est beaucoup plus complexe et Karine Giebel décrit deux personnages pris dans la nasse de leurs émotions et de leurs sentiments contradictoires qui n’en finissent pas de se détruire.
Analysant la chute sans fin de ses héros, l’auteure souvent primée pour ses romans très noirs livre un opus à deux voix, glaçant, perturbant et plus sombre que jamais.
Brigit Bontour
Karine Giebel, Ce que tu as fait de moi, Belfond, novembre 2019, 549 p.-, 20,90 €
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