"Dans la forêt lointaine" premier roman de Marie-Pierre Burtin

Dans ce village de montagne, tout le monde a remarqué l'inconnu rôdant depuis quelques jours dans l'impasse. Au bout de celle-ci vit une jolie veuve qu'on imagine sans histoire – Cécile est la prof de piano pour les gosses du coin. On s'observe à travers les rideaux. On commente et l'on s'essaie aux pronostics, sous le patronage de l'ours dont le souvenir hante chaque lieu. La méfiance est d'usage et la tension palpable, même si pour l'instant l'attraction a le mérite de distraire. Une altercation plus loin, Cécile finit par ouvrir sa porte au jeune homme. Elle l'accueille comme une évidence ; le voilà chez lui. Devant la stupeur des voisins, Cécile pose un argument imparable : l'inconnu n'est autre que son fils oublié – une photo floue l'atteste. Il s'agira de n'en pas douter frontalement, au risque d'atteindre le point de rupture. D'ailleurs, si elle ne veut pas être éjectée du nid, la fille de Cécile doit désormais composer avec des forces obscures ; part dérisoire des ténèbres sur lesquelles ce village repose.

 

« C'était comme s'il avait pris possession des  lieux, et d'elle, de tout ! Nous n'étions pour lui que des étrangers en visite ! »

 

Entre thriller rural et drame à énigmes, l'atmosphère nébuleuse s'épaissit sournoisement, à mesure que l'intrigue prend forme face à l'irréparable accélération des choses. De la désinvolture des débuts aux tensions exponentielles, ce texte s'harmonise à plusieurs voix, dans un jeu subtil de contre-jours où l'ironie et la compassion se répondent étrangement. Un premier roman chargé de mystères qu'une nature inquiétante se charge d'accentuer jusqu'au vertige.  

 

Arnault Destal

Marie-Pierre Burtin, Dans la forêt lointaine, Kero, janvier 2017, 234 pages, 16,90 € 

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