Heroic fantasy animalière
The Autumnlands, tome 1 – De griffes et de crocs
Dans le monde d’Automnale, les
seuls êtres vivants sont des animaux à forme humanoïde, l’être humain n’existe
pas. Automnale est un univers où la magie a énormément d’importance puisque
c’est elle qui permet de faire flotter 17 immenses cités, dirigées par des
marchands et des magiciens. Au-dessous, dans la Plaine, vivent les Moindres
dominés par Ceux qui vivent au-dessus.
Seulement, les magiciens sont inquiets : la magie décroît lentement mais
sûrement. Gharta la
Chercheuse pense avoir trouvé la solution : combiner les arcanes magiques
de plusieurs écoles de magie pour aller chercher dans l’espace-temps le Grand
Champion, l’être qui, si on en croit la légende, a amené la magie sur
Automnale. Malgré l’opposition de certains dirigeants, Gharta mène son projet à
bien.
Seulement, l’incantation ne se passe comme prévue : si le Grand Guerrier
est bien invoqué, une explosion détruit la cité flottante qui s’écrase dans la
Plaine. Il va maintenant falloir retrouver les survivants, organiser les
secours et surtout repousser les Moindres qui voient l’occasion de se venger de
ceux qui les ont dominé depuis des années. Sans compter que le Grand Guerrier
ne ressemble pas à ce que Gartha avait imaginé…
Il faut imaginer The Autumnlands comme un récit heroic fantasy mais avec des animaux. Ce n’est pas la première fois : des titres comme Mice Templar ou bien Les Légendes de la garde, pour rester dans le genre, avaient déjà tenté cet étonnant mélange. Hormis l’avantage de l’originalité, Kurt Busiek utilise ce procédé permet de caractériser très rapidement les personnages. Le moins qu’on puisse dire, c’est que cela fonctionne parfaitement. On s’attache très vite aux personnages, parfaitement campés.
On connaissait Kurt Busiek pour son travail dans le genre super-héroïque avec certains classiques comme Marvels, Avengers Forever, son relaunch d’Avengers en 1998 ou bien encore Astro City. Pas forcément l’auteur qui vient à l’esprit quand on pense heroic fantasy, même si on a pu le voir écrire la série Conan chez Dark Horse. Pourtant, Kurt Busiek semble particulièrement à l’aise dans cet exercice de style, d’autant plus qu’il évite soigneusement les poncifs du genre. Ici pas de quête initiatique, pas de grand méchant maléfique qui veut dominer le monde (du moins pas encore). Les enjeux sont ailleurs : on a plutôt affaire à des luttes de pouvoir, des conflits internes, avec son lot de trahisons : chacun tente de profiter de la nouvelle situation et à tirer son épingle du jeu. Oubliez l’action écervelée, The Autumnlands est assez calme de ce point de vue. À noter quand même une jolie scène de bataille en fin d’album, tout de même.
Kurt Busiek reprend l’idée du personnage principal malgré lui, à travers Dunstan le jeune chien, c’est principalement pour nous permettre de mieux comprendre les principes essentiels de cet univers (voir le premier épisode, particulièrement efficace). Par la suite, Busiek s’amuse à introduire un élément particulièrement intéressant, en la personne du Grand Guerrier. Cet intrus va être le centre de toutes les attentions, et le personnage en plus d’être efficace, promet pour la suite des événements.
Benjamin Dewey est relativement inconnu en France. Son style convient parfaitement à la série, parce qu’il parvient à transmettre des émotions à travers toutes ces gueules d’animaux. Par contre, curieusement, les humains (parce qu’ils font bien une apparition, mais chut !) sont moins convaincants, malheureusement. Passé ce défaut, il faut souligner les décors, magnifiques, et ce point a énormément d’importance dans le genre heroic fantasy.
The Autumnlands propose une
intrigue rafraîchissante et originale, ponctuée par un joli coup de théâtre. Et
si on sait lire entre les lignes, ce n’est pas fini (d’où vient le Grand
Guerrier ?). Lassés de l'heroic fantasy ? Voici un bien joli album qui fait souffler un vent nouveau sur un
genre sclérosé : vivement recommandé.
Stéphane Le Troëdec
Kurt Busiek (scénario) et Benjamin Dewey (dessins)
The Autumnlands, tome 1 – De griffes et de crocs
Édité en France par Urban Comics (6 mai 2016)
Collection Urban Indies
10,00 euros
208 pages en couleurs, papier glacé, couverture cartonnée
EAN : 9782365778350
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