Réédition d'un classique de la littérature russe, L'homme amphibie d'Alexandre Béliaev

« La nuit tomba, étouffante. Une nuit de janvier, en plein été argentin. Le ciel noir se couvrit d’étoiles. La Méduse tanguait calmement au mouillage. Le silence de la nuit n’était troublé ni par le clapotis des vagues, ni par le grincement des cordages. L’océan semblait dormir d’un sommeil profond. »


Buenos Aires, début du XXème siècle. Une étrange atmosphère règne sur La Méduse, la goélette appartenant au célèbre pêcheur de la baie Pedro Zurita. Depuis peu les sorties en mer sont pour son équipage et lui-même angoissantes, oppressantes. Une créature dont ils ne savent rien mais qu’ils surnomment « le démon de la mer » les terrorise. Les marins appréhendent leur immersion dans ces eaux hantées, ont peur pour leur vie. Certains ont déjà vu un « être » aux écailles argentées, d’autres ont décrit ses yeux enflammés mais tous craignent d’en parler à voix haute, de peur que le monstre ne les surprenne. Zurita voit cependant en ce monstre une aubaine. Cet homme dur et sans principes va se mettre en quête de capturer cette créature mystérieuse pour la forcer à chercher les perles se trouvant dans les profondeurs de la mer. Il deviendrait ainsi l’homme le plus riche d’Argentine.


Sur le pont et parmi l’équipage un vieil indien arawak nommé Baltasar, qui fut un jour un pêcheur hors pair, va faire preuve de courage et de hardiesse et sera le bras droit de Zurita dans cette quête. A terre Cristo, le frère de Baltasar, va s’infiltrer chez le docteur Salvator, un chirurgien de génie qui recueille les enfants indiens souffrants, afin de gagner sa confiance et pouvoir approcher Ichtiandre, « le démon de la mer » qui a été recueilli et grandit dans cette propriété.


Ponctuée d’une histoire d’amour dramatique, cette narration émeut tant par son réalisme que par sa capacité à plonger le lecteur dans les abîmes de l’aspect dévastateur et profondément mauvais de l’être humain.


Après sa première publication en 1928 et son adaptation cinématographique éponyme en 1961, ce classique de la littérature fantastique russe bénéficie d’une nouvelle édition ainsi que d’une retraduction par Fabrice Gex et rend ainsi hommage à son auteur Alexandre Béliaev que ses contemporains considéraient comme le « Jules Verne russe ».


Elodie Blain


Alexandre Béliaev, L'homme amphibie, traduit du russe par Fabrice Gex, Editions L'âge d'Homme, 2014, 264 pages, 20 euros.

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