Léo Barthe ou les fortunes du manque de vertu

Ici une jeune fille docile – Constance – s’exécute sous le regard acéré et les mains de sa mère. Preuve que l’inceste peut se conjuguer au féminin. Qui plus est au sein   d’une perversité froide lorsque la maternante (en théorie) donne encore, la fessée  à sa fille adolescente.

Une nouvelle fois Léo Barthe découpe le monde. Mais en oblique. Et loin des duplications érotiques des fabricants de chromos. Du réel il ne s'occupe que du "reste", de ce qui est pris pour l'horrible afin d'accéder à une configuration symbolique qui – sans l’annuler comme reste – devient l'espace où  les choses s’ouvrent  là où bée ce rien qui est un tout.

Le récit ne désigne pas une appartenance générique – qu’identifieraient des indices formels. Il s’agit plutôt d’une posture de radicalisation afin que des incongruités spécifiques naissent.
L’ensemble du vivant devient du vivant parlant en un malaise habilement programmé. Les questions que Léo Barthe soulève sont non seulement celles de l'érotisme mais surtout de de la littérature lorsqu'elle remodèle la question du premier.

Preuve que sans l'obscène la littérature ne se serait pas. Du moins lorsqu'elle élude  la question de la transgression. Ici reste celle de ce fond plus profondément sérieux que les histoires de dieux – à l'exception d'Éros .


Jean-Paul Gavard-Perret

Léo Barthe, Constance ou la pure révolte, coll. Xylophage, L'âne qui butine, septembre 2021, 284 p.-.

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