Guy Hugnet, La face cachée des psychotropes : Attention, danger !

Voici bientôt deux décennies que la chronique des faits-divers, nationaux et internationaux, nous familiarise avec un type d’incidents autrefois inconnu : un individu est pris d’une brusque crise de « folie », tue sa famille et se suicide ou bien, aux États unis, où le vice des armes à feu est protégé par la Constitution, s’en va abattre plusieurs inconnus, souvent des enfants qu’il ne connaît même pas. En Norvège, l’autre année, un certain Anders Breivik abattit de la sorte 77 personnes pour motifs « idéologiques ». Guy Hugnet, journaliste scientifique, publie sur ce phénomène une enquête dont nous recommandons fortement la lecture à absolument tout le monde.

 

Il a repris quelques-uns de ces faits-divers tragiques et les conclusions des enquêtes qui suivirent : ces « fous » étaient des déprimés sous traitement de psychotropes, nom scientifique de tous les produits qui modifient le fonctionnement du système nerveux, dont le sommeil et l’humeur. Nous les connaissons bien en France, championne de la consommation mondiale.

 

Mais nous ne sommes pas conscients de leurs dangers. Dès que, pour des raisons parfaitement normales, le sommeil s’altère, par exemple, le citoyen lambda s’en va demander à son médecin une ordonnance pour un somnifère ; le médecin obtempère, sachant que, s’il refusait, son patient irait chez un confrère. Le patient suit-il les prescriptions ? Voire ! Le plus souvent, il poursuit le traitement au-delà de la durée indiquée, ce qui fera de lui un toxicomane ; ou bien il l’interrompt tout à coup pour raisons de commodité, ce qui risque de le détraquer de façon imprévisible. Idem pour les antidépresseurs, tranquillisants et autres neuroleptiques. Ce patient ignore que : a) le médicament modifie le fonctionnement du système nerveux, b) le prendre au-delà de la durée prescrite ou s’en abstenir soudain peut provoquer des troubles graves du comportement, allant jusqu’à l’acte criminel.

 

Prenons les benzodiazépines, classe de psychotropes largement prescrite : la désinhibition qu’ils déclenchent peut altérer le comportement d’un sujet parfaitement sain : il deviendra exubérant jusqu’à l’agressivité, voire obscène. Pis que tout, si on le désapprouve, il deviendra enragé et même violent.

 

La sonnette d’alarme avait déjà été tirée, il y a quelques années ; on ne l’a pas entendue. Hugnet a raison de la tirer de nouveau, car le danger grossit. Son dossier est clair, accessible à tout le monde. Vous voilà prévenu.

 

Gerald Messadié

 

Guy Hugnet, Psychotropes : l’enquête. La face cachée des antidépresseurs, tranquillisants…, L’Archipel, octobre 2012, 261 pages, 18,50 €

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