Quand Germain Viatte tire ses marrons du feu

Tant par leurs œuvres que leur langage plastique, Mondrian et Dubuffet  n’offrent à première vue nulle ressemblance. Néanmoins ce qui les réunis est la réception ou plutôt la non réceptivité à leurs œuvres par l’opinion et les institutions.

L'auteur s'appuie sur un travail documentaire minutieux qui accorde la plus grande place au point de vue individuel des acteurs de l’histoire – artistes, écrivains, marchands,  amateurs et représentants des musées . Il dépeint la face obscure de ces deux réussites artistiques marquées souvent par la solitude ou l'indifférence.

Le récit des pieds-de-nez de Dubuffet aux institutions officielles de la culture (d'où l'installation de la Collection de l’Art Brut à Lausanne), ou celui de l’Affaire Mondrian (projet d’achat de faux par le tout jeune Centre Pompidou en 1978) constituent les épisodes les plus sensationnels de la reconstitution menée par un Germain Viatte qui fut non seulement un témoin mais un acteur de certaines dérives – dont il s'absout.

Mais en pérennisant la mémoire de ces  deux itinéraires d’artistes, il fournit, de fait, d’importants éléments de réflexion sur les politiques muséales, à l’heure où Beaubourg va devoir affronter de nouvelles conditions de rayonnement ainsi qu’une rénovation architecturale majeure.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Germain Viatte, L’Envers de la médaille  Mondrian, Dubuffet, les pouvoirs publics et l’opinion, L'Atelier Contemporain, juin 2021, 424 p., 25 euros

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