La forêt des songes de Karine Miermont

Karine Miermont revient ici à ce qui est devenu le centre de sa vie : la forêt des Vosges pour faire état de sensations vécues qui l'entrainent - et nous avec – en une narration en partie chronologique, au fil des saisons et  des vies quelles qu'en soient les natures (végétaux, animaux, êtres humains). Tout dans ces récits est de l'ordre du poétique tissé d'anecdotes, de références livresques, d'études. L'ensemble est écrit dans un style lapidaire, précis et enchanteur.

L'auteure permet une déambulation active et animée  où ce que l'on nous a appris, sans disparaître, prend une nouvelle dimension au fil de ses "visites". Rien de passéiste, nul cliché en une telle approche. Le livre devient un jeu et une enquête filée à partir des Vosges  au gré de certaines phrases, de certains rêves, certaines images. Il en offre le résultat. Il tient avec élégance et pudeur de l'hommage poétique à la nature et de  l'analyse quasi scientifique. Le tout  sans rien de lourd et de pesant mais et à l'inverse avec alacrité et humour.

D'où cette mosaïque subtile au fil des jours et des réflexions nourries par des multitudes de points de vues. C'est à la fois ambitieux et simple. Et surtout intelligent. Personne n'est vilipendé. Nous pénétrons en une aire de calme. Nul  n'est exclu pour peu que le respect des êtres et des milieux garde ses droits. Un tel espoir intrinsèque reste assez rare dans  les écrits du temp.
L'ouvrage devient une musique et un modèle tant se crée en son corpus un réseau d'affinités, là où la divagation solitaire n'a rien d'une misanthropie - bien au contraire. 
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Karine Miermont, Vies de forêt,  coll. Littérature, L'Atelier contemporain, février 2022, 176  p.-, 20 €

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