Georges Rouault le polygraphe

Soliloques fut édité en 1944. Georges Rouault y fut un témoin de son temps. Peintre hors normes, premier conservateur du musée Gustave Moreau de Paris, il fut aussi un théoricien, dont les articles étaient très prisés dans la presse artistique entre les années 1920 et 1950. Poète polémiste, il composa un texte en prosimètre enflammé, Cirque de l’Étoile filante (1938), qui utilise la métaphore du cirque pour donner une image onirique très personnelle de l’actualité politique et sociale.
La grande partie des textes parus du vivant de Rouault étaient épuisée ou bien difficile à réunir. L’édition établie et annotée par Christine Gouzi avec la collaboration d’Anne-Marie Agulhon, rassemble pour la première fois la majorité d’entre eux et les replace dans leur contexte en reprenant le titre ci-dessus en le complétant.
S'y découvrent de nombreux manuscrits inédits, qui complètent la connaissance de Rouault polygraphe : textes autobiographiques, souvenirs sur les artistes que le peintre a connus, un livre théorique Ingres, Degas, Renoir, Cézanne et une pièce de théâtre burlesque (les aventures d’Ubu fils critique d’art, rédigée à l’imitation de l’Ubu Roi d’Alfred Jarry).

Apparait ici un Rouault polémiste mais aussi un poète ailé et influencé par Apollinaire, Jehan-Rictus, Verlaine et Villon Ces écrits donnent à l'artiste come à l'homme une dimension nouvelle dans une langue subtile qui se moque des étiquettes et des "-ismes" qui n'ont parfois aucun rapport avec les œuvres peintes (ou écrites).

Jean-Paul Gavard-Perret

Georges Rouault, Soliloques d’un peintre, édition établie et présentée par Christine Gouzi, L'Atelier Contemporain, octobre 2022, 1104 p.-, 30€

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