Hans Bellmer : entre soleil noir et chair brisée

Hans Bellmer  prouve comme ces textes le rappellent, que l’art est toujours plus complexe dès qu’il s’autorise une puissance imageante originale. Il ranime de manière perverse les questions que l’on pose sans espoir. Il ferme les promesses d’un avenir et d’un croire voir (Beckett)  là où les œuvres s’inscrivent comme une tâche noire essentielle au cœur même de la lumière.
Ne s’y trousse plus alors du passé : un saut dans l’inconnu se produit.  L'artiste souligne – au moment où l’on croyait que l’image pouvait devenir mère et  pute,  chienne et vénérée qui répondrait toujours aux injonctions du voyeur.Le dessin oblige à un regard autre, oblique. Ce que la poupée fait reluire ne possède rien de brillant. Le portrait non plus. Ne se crée qu’un retour à la solitude déposée de toujours dans le corps guetté, entrevu mais qui ne fait que se dérober en faillite et effet domino. 
Poupées-cornues,  portraits biscornus  font que l'homme  l’homme renverse pour rien son orgueil, sa rage et son venin. Et lorsque le voyeur reprend vaguement conscience, lorsqu’à l’ébullition répond le vide d’une vague autosatisfaction (elle ressemble à s’y méprendre à une automutilation), la poupée comme le portrait renvoient à un dérisoire spectacle équivoque. En conséquence  la machinerie désirante de l’art  joue chez lui une étrange partie de dupes

Jean-Paul Gavard-Perret

Hans Bellmer, Le corps et l’anagramme, édition établie et présentée par Stéphane Massonet, préface de Bernard Noël. L'Atelier contemporain, février 2023, 224 p.-, 25€

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