Ce livre est à l’image de toute la poétique (au sens large) de Robert Lebel : il est placé sous le signe d’une énigmatique troisième horloge qui détourne le cours de la temporalité sociale, mais de manière subreptice.
Né au début du siècle est décédé en 1982, le Parisien fut l'ami de Marcel Duchamp et André Breton. Il passa intempestivement chez les Surréalistes et travailla entre autres avec Giacometti et Max Ernst.
L'ensemble des textes  réunis ici abolit toute forme de nationalisme. Surgit une pratique du nomadisme absolu.  Celui qui interrogea les images et la poésie fut d'ailleurs attaché à aucun lieu et ses textes poétiques et parfois du domaine du fantastique le prouvent.
Ce qui intéresse Robert Lebel – et que prouve par exemple et dans cet ensemble Recycler, Détourner – tient aux grands mixages, aux langages apparemment contradictoires. Il rappelle – ce qui est rassurant dans notre époque frileuse – que Dada  reste une idée neuve : cette insurrection va reprendre de plus belle dans le champ social, c’est inévitable écrit-il. C'est une espérance qui peut nous porter encore.

Jean-Paul Gavard-Perret

Robert Lebel, La troisième horloge, poésies et récits, 1943-1986, L'Atelier Contemporain, mai 2023, 432 p.-, 25€