Ce cœur changeant d’Agnés Desarthe : Châtelaine ou gueuse ?

Rose est une jeune franco-danoise peu aimée par sa mère qui arrive à Paris à l’aube du XXe siècle. Elle parle trois langues, dont le dioula, ayant vécu aussi en Afrique, ce qui, vous en conviendrez, n’est guère utile dans la capitale française. Elle commence donc à travailler dans un bar pour une femme aux tendances esclavagistes. Puis ce sera l’amour avec Louise, une féministe qui la prend sous son aile et la pousse à exercer ses talents artistiques. Mais tout cela n’a qu’un temps et Rose, de nouveau est menacée par la misère et la rue.

 

Agnès Desarthe abandonne ici sa verve intimiste pour raconter avec beaucoup de force l’histoire d’une jeune femme légère et sincère, qui avance dans la vie sans calcul ni faux semblants. Confrontée à un monde inconnu, elle ne perd ni sa bonté initiale ni sa foi en l’avenir. De châtelaine elle devient gueuse, de grande bourgeoise elle se transforme en va-nu-pieds, d’amante d’une féministe, elle sera mère célibataire sans jamais se renier ou perdre de sa poésie.

 

On plonge avec bonheur dans cette fresque romanesque à souhait où se croise le Capitaine Dreyfus, les ambulancières de la Première Guerre mondiale, les voyous de Pigalle. L ’auteur de Ce qui est arrivé aux Kempiski manie une langue jubilatoire, sensible et forte qui a été récompensée du prix littéraire Le Monde. Son héroïne, Rose dite la Musaraigne, saura-t-elle retrouver le chemin de sa vie ? La réponse dans cette histoire qui se lit au grand galop.

 

Ariane Bois

 

Agnès Desarthes, Ce cœur changeant, l’Olivier, août 2015, 334 pages, 19,50 €

Aucun commentaire pour ce contenu.