Toute l'oeuvre est habitée d'un désir de révolte face à la détresse des exclus et des pauvres. Elle est lourde d'une inquiétude face à l'état du monde. Souvent dans les livres de l'auteur  Jésus et la prière sont présents .Mais ce n'est pas le cas ici.
Pour appeler l'homme à un autre système de valeurs, la poésie s'autorise plus de liberté envers une croyance trop fléchée. Le livre se rapproche de la poésie antique et se met à la recherche d'une sphère. Celle de lune. Mais ici elle renverse la nuit pour appeler le jour.

Adepte des formes premières comme d'une certaine cosmogonie, l'auteur - au cube (autre figure rémanente) et de ses arêtes  - préfère une rondeur plus féminine et maternelle.
Existe une recherche plus large d'envergure de la présence, de la lumière. Elle passe par la découverte - à partir de formes convulsives - de futurs. Mais demeure aussi une éternelle errance dans l'espoir de  créer des formules magiques afin que le monde sorte de la répétitions de ses erreurs.

En dehors de toute culuture de l'égo, le poème devient le vecteur d'une singularité espérée non pour étonner mais pour offrir des changements nécessaires. Dans sa "petite" mesure la poésie peut en effet  y contribuer. Et Nikola Sop le prouve.

Jean-Paul Gavard-Perret

Nikola Sop, La nuit à l'envers, traduction du croate par Brankica Radic, coll. Domaine Croate / Poésie, L'Ollave éditeur, Rustrel, avril 2019, 88 p., 16 euros