Laurence Skivée : sublime, forcément

Laurence Skivée a réussit un livre sublime dont le récit – sans être faux, bien au contraire – est un poème où des peaux se touchent et cela suffit. L’amour y est indicible mais prégnant au nom de la mort qui ne l’a pas tué mais le fait changer d’aire.

Dans le fragment, la brisure (forcément) tout devient exercice de délicatesse mais aussi de bouleversement. Les êtres ne se possèdent pas mais leurs haleines de réglisse se joignent afin qu’il reste entre elles un filet de salive et de mots.

Il existe là des isolements minuscules dans le matin, dans des siestes avant que deux âmes sincères aillent saluer les hirondelles.

Laurence Skivée invente une ou plutôt son écriture libre, profonde, poétique. Elle traverse les forêts, l’atelier, la bibliothèque de jadis par  des  raccourcis, des fractures. Ne restent que quelques gestes tendres pour évoquer le manque et le petit vacarme intérieur qui tient au ventre jusqu’au sommeil.

La poétesse laisse ici quelques traces majeures, va dans leurs marques et leurs manques. Ils et elles ont une origine mais pas de fin. C’est simplement beau. De l’interrompu jaillit l’espoir du futur.

Il  se pose dans le moment présent.  A la limite de l’écriture et du dialogue. Entre le silence de l’une, les mots de l’autre. C’est un murmure dans lequel le double disparu singularise la parole échangée.

Laurence Skivée écoute le silence, le secoue avec les mots qu’elle met dedans. Ils sont de l’ordre de l’empreinte, de la sur-vivance. Regarder la neige, jadis contemplée à deux,  reprend sens. Elle devient la matière de l’absence, un beau souvenir où le lointain reste proche.
A jamais.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Laurence Skivée, L’air est différent, La Lettre Volée, Bruxelles, parution le 18 mai en France.

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