Annick Geille est écrivain, critique littéraire et journaliste. Elle rédige une rubrique mensuelle pour le journal Service Littéraire et dirige la Sélection en ligne du Salon littéraire. Elle vient de publier son onzième roman, Rien que la mer, aux éditions La Grande Ourse.

5 livres parmi les meilleurs d’avril 2013

Bernard Pivot gazouille avec les réseaux sociaux, Jean-Luc Maxence nous livre les secrets de la Franc-Maçonnerie, François Cérésa fait œuvre de moraliste, Rachel Cusk est la romancière du divorce pour tous, Stéphane Denis le portraitiste des super-riches établis sur les rives du Léman.

 

Bernard Pivot, Les tweets sont des chats

 

Première phrase > J’aime les tweets parce qu’ils partent en silence, circulent en silence et se posent en silence. Les tweets sont des chats.

 

Dernière phrase > Des astronautes ont- ils découvert la bonne étoile sous laquelle ils sont né ?

 

Quatrième de couverture > « J’aime les tweets parce qu’ils partent en silence, circulent en silence et arrivent en silence. Les tweets sont des chats. »

Grâce aux tweets, ces messages qui ne peuvent dépasser 140 signes, Bernard Pivot a redécouvert le plaisir de faire court. Ainsi, avec humour, fantaisie et pertinence, a-t-il écrit une sorte de journal très personnel constitué d'observations, de réflexions, d’aphorismes et de citations, que découvrent chaque matin ses 100.000 abonnés du réseau Twitter.

© Photo : Vincent Pontet

 

Bernard Pivot, Les tweets sont des chats, Albin Michel, mai 2013, 160 pages, 12 €



La Franc-Maçonnerie, Histoire et dictionnaire

 

Première phrase > Constituée pour la première fois sous la forme d’une Grande Loge en 1717 à Londres, la franc-maçonnerie spéculative moderne a émergé d’une longue tradition d’usage et de l’évolution de structures professionnelles, en Angleterre et en Ecosse, essentiellement au cours du XVIIe siècle.

 

Dernière phrase > Dehors, on se disait « Sergent, Monsieur, Salut, Salam. »

Dedans c’était « Mon frère » et c’était très bien ainsi.

Nous nous réunissions sur le niveau et nous nous quittions sur l’équerre.

Moi, j’étais second diacre dans ma loge mère, là-bas !

 

Quatrième de couverture > L’univers initiatique suscite depuis toujours un mélange de fascination irrationnelle et de méfiance. Cet ouvrage a pour ambition de répondre à toutes les questions qu’on se pose à son sujet, en offrant au lecteur une source vive d’informations et de références. Il s’adresse aux profanes comme aux initiés, aux historiens comme aux curieux venus de tous les horizons de la pensée, à tous ceux qui veulent comprendre, au-delà des peurs et des fantasmes habituels. Il propose des pistes de réflexion, des débats d’idées, des dossiers, des documents historiques sur un thème qui n’a cessé de provoquer des commentaires passionnés.

Cette entreprise monumentale présente non seulement un historique de la démarche initiatique, mais aussi une épopée spirituelle, à travers plusieurs siècles, des diverses obédiences et des rites pratiqués, des symboles utilisés, de l’évolution des pratiques. Elle s’appuie sur le concours d’auteurs appartenant à des obédiences et des rites d’origines diverses. Un éclectisme qui permet d’éviter les partis pris et de laisser libre chaque auteur d’exprimer ses interprétations et ses spécificités.

Voici donc le livre indispensable pour « tout » savoir sur la franc-maçonnerie et se former son propre jugement.

 

Jean-Luc Maxence, initié à la Grande Loge de France en 1996, est psychanalyste d’inspiration jungienne, essayiste et poète. Il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages.

 

La Franc-Maçonnerie, Histoire et dictionnaire, Robert Laffont, coll. « Bouquins », avril 2013, 1216 pages, 32 €

 


Stéphane Denis, Les dormeurs

 

Première phrase > Vous le voulez, ce job ?

Je ne pouvais dire non à Mme Müller.

 

Dernière phrase > Un jour me présenterais : « Beucle. » J’avais le temps.

 

Quatrième de couverture > Philip Julius, installé à Genève après avoir quitté précipitamment Paris, s’est spécialisé dans les transferts de fonds et la gestion de fortune. Grâce à des amis hauts placés, il est sur le point d’obtenir son passeport suisse quand la directrice de l’hôtel Beau Rivage lui fait une proposition : occuper la maison du mystérieux Anton Beucle, sur les bords du lac, moyennant une forte rémunération.

De son côté, le vieil et célèbre avocat René Simon, avec qui Philip s’est associé, veut mettre en sécurité un de ces comptes anonymes qu’on appelle « les dormeurs du lac »...

Dans une Suisse en proie au doute et aux pressions internationales, c’est toute une partie de l’héritage de la milliardaire française Charlotte Brune qui est en jeu. Et, de Chypre à Zurich, de Bâle à Singapour, Philip va découvrir, en même temps que l’origine des millions des Brune, qu’il est manipulé.

Le saisissant portrait d'une communauté de « super riches » venus vivre à l'abri de la curiosité.

 

Stéphane Denis a écrit une vingtaine de romans parmi lesquels Les événements de 67 (Prix Roger Nimier), Sisters (Prix Interallié), une trilogie intitulée Histoire de France et plusieurs essais et documents d'investigation à grand succès (La chute de la maison Giscard et Le roman de l'argent).

 

Stéphane Denis, Les dormeurs, Grasset, mars 2013, 144 pages, 12,90 €

© Photo : Bertini

 


Rachel Cusk, Contrecoup. Sur le mariage et la séparation


Première phrase > Mon mari et moi nous sommes séparés il y a peu, et en quelques semaines, la vie que nous avions construite a été brisée, tel un puzzle réduit à un tas de pièces aux formes irrégulières.

 

Dernière phrase > Lorsque le gâteau est prêt et refroidi, elle le coupe en deux moitiés égales avec un couteau à la lame bien aiguisée, emballe chaque morceau dans de la mousseline puis du papier aluminium et enfin dans du papier cadeau bariolé, les glisse dans deux paquets pour le poster le matin, un pour l’homme et l’autre pour la femme.

 

Quatrième de couverture > « Mon mari et moi nous sommes séparés il y a peu, et en quelques semaines, la vie que nous avions construite a été brisée, tel un puzzle réduit à un tas de pièces aux formes irrégulières. »

Ni confession impudique ni fiction pure, ce texte lucide et percutant est l'histoire d'une femme, écrivain, mère de deux filles, qui observe ses propres réactions au lendemain de son divorce. Recréant des instants quotidiens ou nourrissant sa réflexion de mythes littéraires, Rachel Cusk analyse le retentissement profond de la séparation. Elle vise juste lorsqu'elle décrit la famille moderne, soumise non plus à Dieu ou à l'économie mais à la sacro-sainte valeur de l'amour.
Contrecoup est un livre bouleversant par sa singularité. Mais le sujet qu'il aborde est universel.

Rachel Cusk vit à Brighton. Sorti en 2007, son premier roman traduit en français, Arlington Park, a connu un grand succès public et critique. Ont également paru, aux Éditions de l'Olivier, Egypt Farm (2008) et Les Variations Bradshaw (2010).

© Photo : Adrian Clarke

 

Rachel Cusk, Contrecoup. Sur le mariage et la séparation, Traduit de l’anglais par Céline Leroy, L’Olivier, 175 pages, 19,50 €

 


François Cérésa, Merci qui ?

 

Première phrase > J’ai fait sa connaissance chez les Belin. Le genre de type qui n’arrête pas de vous servir la soupe.

 

Dernière phrase > Puis, d’une voix de stentor :

– Merci qui ?

 

Quatrième de couverture > «  J’ai été une icône… Un rêve de papier… On m’a oublié car tout s’oublie… Le jeune beau n’est pas devenu vieux beau… Je suis ringard… Pas assez hype… Avec mes rides, ma fatigue, mes tempes grisonnantes, je ne suis qu’un pauvre clou rouillé… On ne parierait plus un caramel sur mon devenir… »

Lucky n’a plus vingt ans depuis vingt ans. Pour l’ex-cover-boy, c’est l’heure de la reconversion. Pierre-François Coblence, alias P.-F., devine et flatte en lui l’écrivain, le vrai.

Le renard a trouvé son pigeon. L’oiseau comprendra, un peu tard, la morale de cette fable : on ne peut vraiment compter sur personne. Sauf peut-être sur Ludivine. Mais la belle est mineure…

Fashion Week, clubs privés, grands restaurants, maisons d’édition, week-ends à Venise, soirées jet-set… François Cérésa livre le récit d’une descente aux enfers à la sauce globish, satire amère et drolatique d’une certaine branchitude. Alors, qu’est-ce qu’on dit ?

 

François Cérésa est l’auteur de nombreux romans, de La Vénus aux fleurs (Robert Laffont, 1990) à Sugar Puffs (Fayard, 2011). Au cours de ses vies multiples, il a été maçon, peintre, menuisier, poète, chauffeur de maître, critique gastronomique, chroniqueur sportif… et cover-boy. Longtemps journaliste, il anime aujourd’hui le mensuel Service littéraire.

 

François Cérésa, Merci qui ?, Éditions Écriture, mars 2013, 362 pages, 18,95 €.


Lire la critique de Jacques Aboucaya

 

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