Annick Geille est écrivain, critique littéraire et journaliste. Elle rédige une rubrique mensuelle pour le journal Service Littéraire et dirige la Sélection en ligne du Salon littéraire. Elle vient de publier son onzième roman, Rien que la mer, aux éditions La Grande Ourse.

Cotes et coteries


 

Dans une France préoccupée par le chômage, la rentrée littéraire a un petit côté désuet, charmant, qui rassure et entraîne. Les régimes et les crises passent, mais on aime toujours autant la littérature. Dans les salons du Livre, Jean-Louis Debré et Ségolène Royal signent, déguisés en auteurs. Certains auteurs sont même des écrivains... À leur sujet, chaque automne voit s’intensifier les rumeurs. Il y a les valeurs qui montent, les petits secrets. Ambiances et notations. 

  • Les « Grands Aînés » de l’automne 2013 : Proust et Camus. 
  • La meilleure idée : « Que lire ? », publié par Livre-Hebdo.200 000 exemplaires, Jean-Philippe Toussaint en couverture, diffusion chez tous les libraires de France. 
  • L’auteur incontournable de cette rentrée : Jean-Philippe Toussaint qui met un point final à ses créations autour de Marie (Nue/Minuit). 
  • Le buzz littéraire de l’automne 2013 : Karine Tuil, avec L’invention de nos vies (Grasset). 
  • L’auteur qui dérange presque tout le monde : Amélie Nothomb. Son retour au Japon s’octroie les meilleures ventes et plaît à la critique.Et si Amélie chipait un Prix avec sa Nostalgie heureuse ? (Albin Michel). 
  • La romancière la plus chic de France : Chantal Thomas, son Échange des princesses (Seuil). 
  • Le romancier que tout le monde porte aux nues : Tristan Garcia, pour Faber (Gallimard). 
  • Celle sur qui son éditeur compte le plus : Véronique Ovaldé, aux Editions de l’Olivier. 
  • L’auteur étranger « costaud » (« tendance Updike »), Richard Ford, Canada chez le même éditeur. 
  • Autre auteur « costaud » du domaine étranger (« tendance New York Times »), David Malouf (Une rançon/Albin- Michel). 
  • L’auteur indispensable en cas de chagrin(s) d’amour : Lionel Duroy (Vertiges/Julliard). 
  • L’auteur qui nous introduit avec tact chez Proust : Olivier Wickers et son Chambres de Proust (Flammarion). 
  • L’auteur pour tous les fils perplexes quant à leur mère : Richard Russo (domaine étranger) Ailleurs au Quai Voltaire. 
  • L’éditeur qui a su devenir auteur : Claude Durand. La preuve, son Pavillon des écrivains chez Bernard de Fallois. 
  • Les meilleurs éditeurs de l’automne : Irène Lindon, Olivier Nora  (par ordre alphabétique). Tout le monde ronchonne car les éditions de Minuit sont très chiches en service de presse, mais bien des auteurs rêvent d’avoir  leur rond de serviette chez ce Castel des Lettres. Pour ce qui est du bel Olivier Nora, il est abonné au succès et d’une douceur exemplaire. 
  • Le meilleur critique : Olivier Mony. Tous les auteurs qu’il a aimés savent pourquoi.Les autres rêvent d’être un jour aimés de lui. 
  • Les meilleures attachées de presse : Élodie Deglaire, Pascale Richard (par ordre alphabétique). La première sait tout, la seconde aussi. Malgré l’importance de leurs programmes, toutes les deux sont modestes et aimables, signes infaillibles du pouvoir. L’attachée de presse mythique : Laure Defiolles, chez Minuit, qui aime passionnément Oscar Wilde, François Truffaut. La littérature : sa vie. L’attachée de presse dont l’influence est grandissante : Christelle Matta. Elle veille sur Camus chez Gallimard et défend Pierre Péju et son important État du ciel. L’attachée de presse qui, à force d’aimer les livres, a épousé son auteur de prédilection : Marie Lafitte. La meilleure assistante de presse : Émilie Nacere. Une grande. L’assistante de presse qui rappelle toujours et sait transmettre, d’où ses responsabilités : Anne-Lucie Bonniel. L’école de Pascale Richard. La plus pugnace : Noémie Sauvage. 
  • Le programme de rentrée le plus réussi techniquement, donc ultra-pratique (téléphones en bas de page, etc.) : Flammarion. 
  • Le meilleur libraire : la Librairie Mollat à Bordeaux. Ne se contente pas d’avoir un fonds exceptionnel, mais convoque les bons auteurs au bon moment, utilisant les nouvelles technologies pour que leur passage « chez Mollat » soit une consécration qui dure. À Paris, la Librairie des Abbesses, sise à Montmartre, qu’il faudrait inventer si elle n’existait pas.Marie-Rose Guarnieri prescrit les succès, flaire l’échec.Un personnage. 
  • Et puisque le Premier Roman est à l’honneur dans la production romanesque cet automne. Le meilleur Premier Roman 2013 : Repulse Bay d’Olivier Lebé (éditions de la Grande Ourse fondées par Paulina Nourissier-Mulsthein, fille de François Nourissier) ; las, cet écrivain - très au-dessus de la mêlée de la plupart des premiers romans de l’automne - a publié son livre en avril… Cela suffira-t-il à l’éliminer de la rentrée littéraire ?

À suivre.

 

Annick Geille

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