Annick Geille est écrivain, critique littéraire et journaliste. Elle rédige une rubrique mensuelle pour le journal Service Littéraire et dirige la Sélection en ligne du Salon littéraire. Elle vient de publier son onzième roman, Rien que la mer, aux éditions La Grande Ourse.

Laurent Mauvignier. Extrait de : Autour du monde


EXTRAIT >

 

Quelle heure il peut être chez moi ? se demande Guillermo, histoire de ne pas rester sans rien faire ni attendre encore alors que dehors, de l’autre côté de la vitre, l’image de cette fille se mêle aux reflets du comptoir, avec les pans entiers de miroirs et les néons jaunes et roses qui se dessinent dans le gris du ciel, comme des peintures suspendues au vide.

Yûko ne semble pas décidée à raccrocher. Pourtant, se dit Guillermo, depuis vingt minutes qu’elle est dehors, elle doit avoir froid. Mais elle ne reste pas en place et semble exclusivement tournée vers ce qu’elle dit et entend, et, si Guillermo en juge par cette façon qu’elle a de parler, elle défend, elle attaque, son agacement ressemble à des petits hoquets ou à des cris retenus, à peine lâchés, comme des bombes à fragmentation. Parfois, au contraire, ce sont des silences trop longs et des signes de refus obstiné, elle ne s’intéresse à rien d’autre, pas même à regarder à l’intérieur du bar ni à adresser un geste pour remercier Guillermo d’attendre comme il le fait, sagement, sans toucher à Yonigiri aux miettes de saumon devant lui.

Il la voit faire les cent pas, le portable collé à l’oreille et la main qui s’y agrippe, comme si c’était à sa paume elle-même que Yûko demandait des explications. L’autre main – celle qui pourrait être libre si elle ne tenait l’énième cigarette slim que Yûko laisse se consumer sans presque y toucher – dessine des arabesques mystérieuses avant de revenir docilement devant le visage. Les doigts se posent alors sur la joue gauche et le mouvement de la main semble se calmer, mais c’est seulement une illusion. Ça dure le temps d’approcher la cigarette de sa bouche, le temps pour les lèvres d’attraper le filtre et le temps plus court encore d’aspirer une bouffée avant de la rejeter, sans même s’en apercevoir. La fumée fait comme un voile devant ces yeux très noirs et un peu vitreux – ces beaux yeux encore injectés de sang et qui semblent maintenant complètement indifférents à la présence de Guillermo.

 

Quelle heure il peut être à Mexico ? Quelle heure il peut être chez lui ? Il voudrait imaginer Mexico et son quartier à cette heure-ci, ce que peuvent faire ses voisins, sa famille, ses amis. Puis non, cette pensée l’ennuie, il essaie de la chasser le plus souvent qu’il peut, c’est-à-dire plusieurs fois par jour.

Depuis les premières heures de son arrivée à Tokyo, il y a déjà trois semaines, et pendant qu’il sillonnait le sud-ouest du pays, il n’a pas cessé d’y penser. Depuis soixante-douze heures, en revanche, il n’a pas eu vraiment le temps, sauf maintenant, parce qu’il est seul de ce côté du bar et que Yûko est seule de l’autre côté de la vitre. Au fond, la vraie question est de savoir ce qu’ils peuvent bien faire, les uns et les autres, à Mexico, et s’il y en a, Alicia sans doute, Javier peut-être, quelques amis tout au plus, qui pensent à lui. Ses parents doivent parler de lui jusqu’à la nausée et s’énerver, désespérer de lui et essayer encore et encore, en vain, de le joindre. Ils ont sans doute saturé sa messagerie de portable, ses emails, ils ont sans doute aussi harcelé Javier, parce qu’il est son meilleur ami. Et il connaît Javier, il dira la vérité, Guillermo est parti au Japon depuis trois semaines mais il ne faut pas s’en faire, ce n’est pas la première fois qu’il part tout seul, c’est un solitaire, vous savez, je n’ai pas de news – et la seule fois où il mentira c’est pour prétendre qu’il préviendrait tout de suite si Guillermo venait à lui en donner. Guillermo se dit que ses parents ne se satisferont pas des réponses de Javier. Ils iront jusqu’à chez Alicia et elle répondra avec des trémolos dans la voix que leur salopard de fils n’a même pas daigné la prévenir de son départ. Il est du genre à sortir acheter des cigarettes et à revenir trois semaines plus tard, la mine réjouie et tout à fait disposé à parler des gens magnifiques qu’il a rencontrés pendant tout ce temps où vous vous rongiez les sangs pour lui.

Guillermo aime bien Alicia. Pour l’instant, il est pourtant avec une fille bien plus intéressante, une fille qui n’a pas froid aux yeux et aime le sexe et s’amuser et danser – contrairement à Alicia –, et puis parler de science-fiction. Elle connaît Philip K. Dick sur le bout des doigts, elle a été élevée aux mangas, elle a vu Akira et Ghost in the Shell alors qu’elle n’avait pas dix ans, ce qui change merveilleusement d’Alicia et des filles avec qui il sort d’habitude. L’image de ses parents le traverse comme une sorte de mauvais courant électrique, mais file et disparaît quelque part dans les méandres de son cerveau. Il a juste le temps de se féliciter de se retrouver sans portable ni ordinateur. Heureusement qu’il a perdu son téléphone deux semaines plus tôt et ne songe jamais à regarder ses emails quand il va dans un cybercafé. Pour lui, la seule chose qui compte vraiment c’est de partir et de découvrir le monde, des pays pour lesquels il a toujours eu de l’intérêt, les États-Unis, l’Inde, le Japon. À sa façon, il veut juste vérifier si le réel est à la hauteur de ses rêves, de ses désirs. Il y a des lieux dans son esprit, et il voudrait avoir la certitude qu’ils ont un peu de cet esprit qu’il leur prête. Des fantasmes, des images – les USA ont tracé leur route 66 en plein milieu de son cerveau et l’Inde, une route vers le Népal.

Et puis il y a cette autre passion, vraie et ancienne, aussi vieille que des souvenirs d’enfance, le Japon. Une belle pas­sion jamais démentie depuis qu’il l’avait découvert réellement, autant que le sexe, l’alcool – des passions disparates et futiles, la défonce sous à peu près toutes ses formes et, plus intimement, les chansons de Bob Dylan et la voix triste et douce de Chet Baker.

 

Maintenant, il baisse les yeux – d’abord pour ne pas regarder encore Yûko et lui montrer combien il est fasciné par elle. Mais s’il baisse les yeux vers ses mains, s’il veut se mettre à compter le décalage horaire avec ses doigts, c’est surtout pour en finir avec cette question qui le taraude, comme une tache indélébile dont on croirait se débarrasser et qui réapparaît toujours, quelle heure il peut être là-bas, comme un totem, une phrase magique que tous les touristes et les voyageurs se posent à un moment ou à un autre de leur voyage, lorsqu’ils osent un regard sur là d’où ils viennent, ce lieu dont ils peuvent croire qu’il est seulement un temps de leur vie, seulement le passé. Mexico, c’est d’abord du passé. Même si, normalement, c’est aussi son avenir, puisqu’il est bien censé y revenir, ce qui – pour l’instant il l’ignore – ne se fera jamais.

En fait, ce que Guillermo ne peut pas savoir encore, c’est que cet après-midi, lui parmi d’autres, parmi des milliers, comprendra juste qu’il n’aura plus l’occasion de revoir ni Mexico ni personne ni même d’avoir un avenir. Il aura à peine le temps d’en prendre conscience et déjà ce sera trop tard, en moins de temps qu’il n’en faudra pour le dire et même le penser, en moins de temps surtout pour en combattre l’idée et essayer de fuir, imaginer fuir – et Guillermo sera mort.

 

Mais pour l’instant, Guillermo pense joyeusement que l’aventure japonaise n’est rien d’autre qu’une jolie parenthèse du prénom de Yûko.

Guillermo baisse les yeux pour regarder ses doigts et commence à former des chiffres et des nombres dans sa bouche. Son haleine est encore chargée de café, de thé, et surtout des relents de l’alcool qu’il a avalé depuis deux jours, presque sans discontinuer. Sa langue essaie de lancer des mots, de retrouver l’espagnol ; sa langue natale tente de se désembourber de cette bouche qui ne parle que dans un anglais d’aéroport depuis trois semaines. Sur ses doigts, il essaie de suivre, mais ses mains tremblent toujours de cette nuit trop blanche pour y échapper encore, alors que le jour s’est installé depuis des heures, agressant l’œil de sa luminosité tapageuse. Hier soir ils avaient bu, ils avaient sniffé de la coke avec deux types aux cheveux teints en jaune, dont l’un avait un anneau fiché dans le nez. Et puis ils étaient sortis et trois ou quatre types les avaient agressés. Guillermo avait laissé Yûko les engueuler, il les avait entendus rire – peut-être avait-il eu le soupçon que Yûko les connaissait ? –, et ils s’étaient sans doute battus parce qu’il s’était réveillé sur le froid d’une dalle de béton, une arcade légèrement ouverte et son jean déchiré au niveau du genou. Il avait des traces de sang sur le tissu, son argent et sa montre avaient disparu. Il se souvient vaguement de la prise de coke, des deux gars aux cheveux jaunes, de la lumière et des néons, de la techno à fond, du déhanchement de Yûko, de son désir de danser et surtout de sa bouche avide et aussi de la blessure qu’avait faite à sa langue le clou qu’elle porte juste au-dessous de la lèvre inférieure.

Depuis, il a gardé dans sa bouche ce goût de sang infect et délicieux. Cette douceur qui va jusqu’à l’écœurement quand il crache dans le lavabo de la salle de bains minuscule de Yûko, et qu’un filet rosé teinte l’émail d’une tache qui ressemble à une tulipe dégoulinante et molle.

 

Depuis trois semaines qu’il est parti de Mexico, Guillermo a passé son temps à parcourir seul le sud et l’ouest du Japon, et, à force de passer d’une ville à l’autre, d’un village à l’autre, il ne sait plus trop où il est. Dans un pays où la langue est aussi abstraite qu’une toile de Pollock, une langue qui lui semble ne pas avoir de grammaire, d’ordre établi, qui parle par éclats explosant à ses oreilles comme des milliers de faisceaux lumineux irradiant l’espace dans tous les sens, il se dit que c’est aussi mystérieux et poétique que la forme parfaite d’un cercle. Il pense à toutes ces images qu’il a accumulées en trois semaines, les formes serpentines des lignes du métro de Tokyo, les gens qu’il a rencontrés et puis ce moment où, en venant à Tokyo, il avait décidé de chercher une fille.

Il avait trouvé sur Internet, avait téléphoné en baragouinant en anglais, comme à chaque fois qu’il part à l’étranger. Ça faisait trois semaines qu’il n’avait touché personne, il voulait rencontrer une fille qui soit suffisamment cinglée pour faire l’amour au premier coup d’œil et lui trouver de quoi se défoncer, car il avait eu envie de drogues et d’alcool, avait eu besoin de sexe et de musique, de s’amuser comme il savait le faire, avec excès, pour se remettre de cette cure de solitude où il n’avait croisé que des types qui roulaient en Datsun blanche dans des régions où les villes ne sont qu’un croisement de deux rues désertes, où il avait dormi dans des chambres humides et froides, souvent sombres, et où il avait mangé dans des ryokan où ses seuls compagnons s’épanouissaient dans des viviers et le regardaient en nageant paresseusement entre des rochers factices. Il avait rencontré Yûko sur un site où elle aimait échanger avec des hommes de passage. Guillermo avait trouvé qu’elle était celle dont il avait rêvé – elle était même exagérément conforme à ses désirs.

Elle avait peut-être dix-huit ans, ou peut-être plus, parce que les Japonaises ont toutes l’air si jeune, même les femmes mûres ont quelque chose de jeune. Il faut vraiment qu’elles soient très vieilles pour que les visages se décident à avouer leurs années. L’idée de lui demander son âge avait traversé son esprit lorsqu’ils s’étaient rencontrés, mais c’était tombé à l’eau parce qu’il leur avait semblé, à l’un et à l’autre, qu’il y a des manières plus urgentes de faire connaissance. Yûko travaillait il y a encore une semaine dans un lingerie pub de Kabukichô à Shinjuku, mais elle avait démissionné depuis trois jours, pas seulement parce qu’elle en avait assez de passer ses soirées à servir des verres en sous-vêtements, mais parce qu’il n’y avait personne dans ce bar qui finirait par fermer d’ici peu, elle en était sûre. Le lieu était trop ringard et l’ambiance trop vieillotte, les soirées y étaient si mortellement ennuyeuses qu’elle avait, presque pour se distraire, choisi de s’engueuler une bonne fois pour toutes avec le patron.

Et maintenant, c’est à lui qu’elle téléphone. Non pas pour lui demander de la reprendre, mais pour exiger qu’il paie ce qu’il lui doit. Il ne veut pas et prétend qu’avec toutes les histoires qu’elle a causées, elle peut s’estimer heureuse si on en reste là. Sauf qu’elle a besoin d’argent, que Yûko n’est pas du genre à se laisser emmerder par un patron qui n’a en réalité qu’une seule raison de lui en vouloir, toujours la même, celle qui mène tous les hommes – le sexe. Il est jaloux parce qu’il est sans doute l’un des seuls avec qui depuis le début elle avait obstinément refusé de faire l’amour. Il avait toujours prétendu s’en moquer, et elle avait même fini par le croire. Pourtant, dès qu’il avait vu, entre trois et cinq heures du matin, que presque tous les soirs un type différent finissait par repartir avec elle, son comportement avait changé. Il avait fini par demander ce qu’elle pouvait bien trouver à ces pauvres pères de famille égarés, transpirant dans leur costume et leur chemise au col plus très net, qui venaient se divertir auprès d’une fille bizarre comme elle.

Et laisser quelques billets, si tu veux savoir, avait-elle ajouté.

Yûko était une fille bizarre, bien sûr, mais elle l’était aussi et d’abord physiquement. Sur la jambe droite, un tatouage remontait de son talon jusqu’à l’aine. C’était un serpent qui s’enroulait autour du tibia et remontait tout le long de la cuisse en en faisant le tour, s’enroulant comme une plante, se hissant comme un lierre et qui, gueule ouverte, crocs bien visibles, menaçait le sexe en dardant vers lui une langue fourchue que beaucoup des hommes qui lui avaient fait l’amour avaient aimé suivre de la pointe de la langue, accompagnant le mouvement de la tête du serpent avant de plonger dans le pubis de Yûko. Elle n’avait jamais dit à personne pourquoi elle avait ce tatouage, ni qui le lui avait fait. Elle ne disait rien, ça faisait partie d’elle. Sa jambe était comme un arbre autour duquel s’enroulait le serpent pour monter vers son sexe et son ventre si blanc, si lisse que les hommes en étaient fous. Pas un n’osait demander quoi que ce soit ou faire une allusion à la Bible, au fruit défendu, quelque chose de cet ordre, non, pas un, parce que tous étaient impressionnés. Elle n’avait pas songé qu’on puisse lui demander d’où venait ce serpent, comme personne n’avait osé lui faire des remarques, non plus, sur ces étranges boursouflures, épaisses, rugueuses, quelques balafres comme des coups de fouet striant les omoplates et le haut de son dos.

Tout le monde regardait avec un mélange de dégoût et d’intérêt ; tous inventaient une histoire à Yûko, mais personne n’osait confronter ses hypothèses avec ce qu’elle aurait pu en dire. Parce que Yûko n’était pas du genre à parler de sa vie, de son passé – c’est comme si elle n’en avait pas, qu’elle n’avait que ce présent si dense et lumineux, une sorte d’apparition, et que le reste se tenait sagement dans l’ombre, dans le coin d’une chambre secrète ou bien, simplement, que ça n’avait jamais eu lieu. En tout cas, dans son bar, le patron avait vite compris que Yûko était une attraction. Il le savait mieux qu’elle, qui s’en fichait ou ne le soupçonnait peut-être même pas. Au début, en voyant les balafres dans le haut du dos, le patron du lingerie pub avait fait la grimace, il n’aimait pas l’idée d’une fille abîmée. Finalement, il avait compris l’intérêt d’une serveuse aussi singulière – une belle jeune fille qui ne demandait rien et donnait peut-être plus qu’elle n’avait à offrir. Le patron savait que nombre de ses clients étaient très intrigués par ces cicatrices, davantage encore que par le serpent. Il savait par expérience que parmi les hommes, nombreux sont les tordus, il comptait sur Yûko pour les attirer et les retenir.

Pourtant, quand on la voit comme ça, dehors, à faire les cent pas devant un bar, on n’imagine pas que cette fille porte un tatouage – ce tatouage –, ni que son dos est marqué aussi violemment. On n’imaginerait rien de particulier, peut-être parce qu’en la voyant on ne la trouverait ni particulièrement fantaisiste ni exubérante. Elle porte un jean, des Nike vert fluo aux semelles très épaisses qui donnent à sa démarche une sorte de légèreté mousseuse, aérienne, une démarche étonnamment chaloupée, et puis son visage est à peine maquillé. Un peu de rouge à lèvres, de fard à paupières, c’est tout. Le piercing brille sur sa bouche, son visage est très pâle, comme blanchi par la fatigue et la défonce. On voit la fatigue avant de la voir, elle, car Yûko se dissimule derrière l’épuisement. Yûko aime se laisser regarder à travers la pâleur de sa fatigue. Elle porte aussi un blouson matelassé style doudoune qu’elle traîne depuis deux hivers et dans lequel elle aime se protéger du froid, mais qu’elle aime aussi garder chez elle quand elle allume la télévision à cinq heures du matin en vidant la canette de Fanta qu’elle a achetée au combini en dessous de chez elle.

 

© Les Éditions de Minuit 2014

© Photo : Roland Allard

 

 

Quatrième de couverture > Rencontrer une fille tatouée au Japon, sauver la vie d’un homme sur un paquebot en mer du Nord, nager avec les dauphins aux Bahamas, faire lamour à Moscou, travailler à Dub, chasser les lions en Tanzanie, soffrir une escapade amoureuse à Rome, croiser des pirates dans le golfe d’Aden, tenter sa chance au casino en Slovénie, se perdre dans la jungle de Thaïlande, faire du stop jusquen Floride.

Le seul lien entre les personnages est lévénement vers lequel tous les regards convergent en mars 2011 : le tsunami au Japon, feuilleton diatique donnant à tous le sentiment et lillusion de partager le même monde.

Mais si tout se fond dans la vitesse de cette globalisation où nous sommes enchaînés les uns aux autres, si chacun peut partir très loin, il reste d’abord rivé à lui- même et à ses propres histoires, dans lanonymat.

 

Pages choisies par Annick Geille

 

Laurent Mauvignier, Autour du monde, Les Éditions de Minuit, septembre 2014, 384 pages, 19,50 € 

 

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