Lambert Schlechter : cimeterre sous la lune

Lambert Schlechter ose les fantaisies sexuelles tout en se maintenant proche de son dada : à savoir Dieu. Néanmoins c’est plus la femme qui fait jouir le texte par la petite mort qu’elle accorde face à la grande que l’auteur prend soin de retarder. Car si Dieu existe, sa rencontre est à retarder d’autant que l’auteur n’est pas forcément attendu au paradis.
Ce nouveau texte est donc le quatrième temps de l’histoire de ses folies en fragments poétiques. Il y cherche à travers sa culture une énergie par ses remises en scènes et ses réinterprétions en vue de défendre et illustrer ses obsessions.
Il fait jouer le présent et le passé, le réel et le virtuel dans une thématique de la présence la plus proche comme celle à distance au moment où la poésie  devient un instrument d'extraction. Toute une appréhension se constitue dans les circuits reliant l'action et l’écriture (qui en est une autre forme) dans un dédoublement spéculaire. C’est aussi  une manière de le transporter l'érotisme  et  le capturer selon d’autres ouvertures qui tiennent plus du tableau que de la fenêtre ou du miroir (même s'il est "à la Vénus"). L'effet est donc  majoré par les adjonctions qui  recomposent l'espace poétique en fantaisie verbale et combinaisons qui déchirent bien des voiles.
La femme devient un paysage bien plus que mental. Elle prend une autre aura ou persona même si le "je" saisi devient partiellement autre. Le flux vital passe donc par un filtre dont l'artificialité ajoute de nouvelles dimensions scripturales hors de leurs gonds pour donner naissance à un couple représentation/réalité qui acquiert ainsi un surplus d'énergie, d'autonomie, de force de persuasion et d’ironie.

Jean-Paul Gavard-Perret

Lambert  Schlechter, Inévitables bifurcation, Les doigts dans la prose, 2017, 164 p.-, 20€

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