Laura Vazquez : tout ce que les images ne peuvent pas montrer

Pour Laura Vazquez l’écriture est la visiteuse en abîme, la marque d’une ouverture secrète, d’un passage étranger. A travers elle l’auteure pénètre le corps comme il est pénétré. Elle le montre au plus profond comme à même les lèvres, le plus loin comme par effet de peau dans un jeu de répétitions. Elles deviennent  la scansion jusque là manquante du mystère.  Les mots dans ce système (bien moins naturel et simplifié que le prétend leur créatrice) créent des galeries. Ils tentent de se rejoindre et de rejoindre le corps. Ils font image pénétrante et sourde.




Celle qui écrit appelle sa propre musique cachée sous le silence. Il résonne si fort par ce qui est séparé, divisé, fendu, scandé par l’auteure. Elle semble descendre sans pensées ni idées au plus profond de sa demeure. Comme « on » descend en elle. Pas « on » d’ailleurs : je ne sais plus qui disait à juste titre « on est un con ». Donc plutôt que « on » : un corps dont le nom est une personne mais  dont rien (ou si peu) ne sera dit du genre comme du reste.


Dès lors personne n’est à l’extérieur de Laura.  Il y a une personne en elle, elle est dans cette personne. C’est tout ce qu’on peut dire. Qu’importe si les hommes font défaut : les femmes ne se défaussent pas.  Font le reste qui est tout, trouvant le sens du rythme et du rite. Vers l’image la plus nue. Là où la vue est inversée dans le théâtre de la traversée du corps. Lumière-nuit. Texte autophage. Laure Vazquez ne montre pas ce qu’elle voit elle dit ce qui nous regarde.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Laura Vazquez, « Le système naturel et simplifié », Editions Derrière la Salle de Bains, 10 €, 2014.

 

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