Laura Vazquez : Peste soit des animaux

                   

 

 


Lyrique (juste ce qu’il faut) et drôle l’écriture de Laura Vazquez avance par sauts et gambades parmi des animaux étranges,  des choses hétéroclites mais surprend  avant tout par la vigueur de son interrogation créatrice dispatchée à coup de croquis de choses vues, d'explorations intimes, de passages de saison. La poétesse  se nourrit du vécu métamorphosé par un imaginaire intempestif. Il  recompose le monde pour l’agiter en une volupté qui dépasse les formes fournies par la tradition littéraire et les combustibles des souvenirs. Des audaces pénètrent les soubassements du passé avec la délectation salutaire selon des «ameublements » qui écartent le poème des platitudes narratives de l’autofiction.

 

L’imaginaire carbure à la dynamite. Tiraillée entre ce qui  assaille et ce qui se perd l’auteure saute au besoin sur un lit de fer, mange du cirage, rampe avec ses serpents, bave avec ses escargots. Mais cela n’a jamais rien de repoussant : bien au contraire. Fondée sur une problématique de la clôture la poésie  rayonne paradoxalement d’une vie cachée, secrète.> Elle se déploie de manière libre. Les mâles n’ont qu’à bien se tenir ou se rester cois au fond de leurs calanques. Quand à la poétesse, lorsqu’elle n’est pas contente, elle froisse le feuillet qu'elle a rempli de mots. Elle  le garde un long moment dans sa main puis le jette dans la corbeille. Elle attend la levée d'un jour dont elle n'espère rien. Il fait froid, il pleut même un peu sur Marseille. A ce point elle entend le crissement des animaux qu’elle a nommés sur son papier. Il suffit de le déplier, de reprendre pour peaufiner  l'intensité monstrueuse des animaux qui le rongent : la vie tremble et fait fonctionner la mâchoire poétique. Jusque là elle semblait coincée. Désormais tout le printemps du monde peut alors recommencer. « Bon appétit Messieurs »

 

Jean-Paul Gavard-Perret.


Laura Vazquez, « La Main de la main », Cheyne Editeur, Prix de la vocation 2014, 16 €, 60 pages.

 


 

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