Laure Forêt : la beauté du geste

                   


Par les dessins de Laure Forêt des mains font des doigts, la  peau sur le blanc en crée une autre, en rameute le fourmillé,  le grésillé d'échelle érotique à peine sonore. Froufrou de perlés, chaque geste n’est pas « dit »  mais « chuchoté » à l'ombre de l'ombre. Juste ça et là du rose, de l’orangé, le goût impromptu du plaisir, l’idée d'un théâtre tout-furtif, rose-amande sous  graphite en liseré d'amour, liseré démuni   - fraîcheur

 

Par aporie le dessin trouve une puissance nue : l’homme n’y est pas super héros : pas de slip par dessus les collants. Et les baisers non pas besoin de Labelo. le corps se fragmente, il est en vrac, se rapproche du secret  inéluctable : c'est d'une logique imparable, c'est dessiné d'avance, c'est prédestiné, c'est réglé : rien ne peut l'empêcher. Le corps  est portillon à trois branches à fonctionnement pivotant attendant la poussée du ventre.


En toute pudeur (du moins dans sa feinte) Laure Forêt remonte pour nous le parcours amoureux sans faire oublier sans doute ceux qui l’avaient précédé, ceux des jadis, des naguères. Mais l’artiste fait mieux en pirouettes subtiles.


jean-Paul Gavard-Perret

Laure forêt, « Red box », Edition Derrière la Salle de Bains, 20 Euros, 2015

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