Espèces et espaces : Laurence Courto

Les nouvelles œuvres de Laurence Courto présentées à la galerie Chappaz retiennent une nouvelle fois le regard  là où louvoie une forme de volupté particulière à l'épreuve du temps comme perdu mais retrouvé.

Les fleurs et plantes nées de l'espace et de la terre rebondissent sur la "peau" des supports. Ils entrent en vibration et en écho avec ces plantes devenues des silhouettes d’attente tout en restant les remparts d'un monde premier.

La plasticienne les arrache à elles-mêmes. Ses injections de formes et de couleurs (le noir en en étant une et des plus majeures mais pas seulement) recréent l’élan vital.

 

Le temps n’en finit pas de se réincarner. Et la peinture devient la source à laquelle s’abreuvent toutes ces feuilles et tiges tirées au départ de vieux grimoires. La matière se frotte à elles, au besoin les divise pour en emporter le quotient.
Mais la peinture ne fait pas forcément masse. Ses incisions et ajouts forgent une poussée vers le végétal qui restait jusque là clos dans le livre.

Laurence Courto leur ajoute un irreprésentable par ses intrusions et ouvertures. Certes, plus question de réanimer la chair desséchée. Il s'agit d'ouvrir un espace-temps de l’herbier en ses repères qui isolent chaque espèce. De l'air à nouveau passe à travers le livre ouvert par les distribution de pigments et les divers types d'interventions et de traces.

Toutefois, il ne s'agit pas d'offrir un "halo sentimental" ou à l’inverse un symbole de vie. A la fois acteur et spectateur, le végétal se découvre en une autre matérialité physique, une autre rêverie du paysage. Quelque chose cède, s’envole et tombe dans chaque "page" pour une autre manière de voir.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Laurence Courto, exposition, Galerie Chappaz, Trévignin, du 12 septembre au 12 octobre 2020

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